Les billets Nazis, ou L’opération de faux-monnayage la plus dangereuse de l’histoire…

27 Janvier 1959, Autriche.

Un plongeur recruté par un journal Ouest-allemand, s’apprête à entrer dans l’eau habituellement calme du beau lac de Toplitz, en Autriche. Sa mission est clair : trouver le « trésor nazis » enfouis dans les profondeurs du lac depuis plus de 14 ans. Tout comme lui, ses coéquipier ne croient pas trop à cette rumeur. Cependant, et à la stupeur de tous, le plongeur revient à la surface avec une nouvelle plus qu’intrigante. Des centaines de boites de métaux suspicieuses sont présentes au fond du lac. Vite, toute l’équipe se bouscule pour remonter les mystérieuses trouvailles, sous les cameras avides de Scotland Yard. Mais à l’intérieur, ni lingots d’or, ni armes secrètes. À la place, se trouvent des millions de faux billets de Livres Sterling intacte et d’un réalismes effroyables. Sans s’en rendre compte, notre cher équipe vient de mettre la main sur l’une des pièce maitresse de l’une des opérations les plus dangereuses mené par les nazis….

C’est en ce jour chaud du 18 septembre 1939, que les plus haut dignitaires nazis se rassemblent dans l’une des immenses salles du ministère des finances de Berlin. Cela fait plus de deux semaines que la France et l’Angleterre ont déclaré la guerre à l’Allemagne. Ainsi, la question à l’ordre du jour est : Comment faire pour renverser l’économie d’une puissance mondial? Arthur Nebe (chef de la police criminelle allemande) propose une réponse audacieuse à cette question qui permettrai de mettre à bas le marché britannique : Crée des tonnes de faux Livres Sterling et les larguer sur le territoire ennemie ! À l’époque, cette monnaie était une référence dans le monde (un peu comme le Dollar américain aujourd’hui, bien que cela risque vite de changer) ainsi la Banque d’Angleterre finançait en majeur partie l’effort de guerre anglais. Si l’idée et plan de Nebe aboutie, alors la valeur de la £ s’effondrera, recréant l’hyperinflation dont fut victime l’Allemagne après la première guerre mondial. Le but étant de ruiner l’effort de guerre britannique, affaiblir le pays et prendre le dessus afin de le soumettre à la cruelle volonté nazis comme ce fut le cas pour la France en 1940.
Malgré le rejet de quelques haut fonctionnaires nazis, il ne suffit que de l’approbation d’Adolf Hitler pour mettre le projet en marche. La fin de l’an 1939, marque la création d’une unité de faussaires, acté par Heydrich (bras droit de Heinrich Himmler) pour qui, d’après ses dires, le projet doit être d’une réussite totale :

« Les billets doivent être une copie tellement parfaite de l’original que même les experts les plus expérimentés en matière de billets de banque ne peuvent faire la différence. »
-Reinhard Heydrich, 1939.

Bien sûr, les britanniques sont rapidement tenu au courant du projet secret de leur ennemie grâce à leur espions, cependant, ils font l’erreur d’ignorer cette menace par orgueil de leur « inimitable » monnaie. Pendant ce temps, les nazis ne se font pas prier pour mettre leur plan à exécution : dés le début de l’année 1940, à Gunewald à l’ouest de Berlin, faussaires, mathématiciens, chimistes et physiciens analyse au microscope chaque recoin et chaque détail de la livre sterling afin d’en percer tous les secrets. L’opération est dirigé par Alfred Naujocks (un SS déjà chargé de la fabrication de faux papier d’identité pour les espions allemands). Une fois les résultats des analyses tombés, les moindres détails sont copiés au millimètre près. Ils vont même jusqu’à modifier la composition chimique de l’eau pour la faire correspondre exactement à celle des cours d’eau britanniques, lors de la fabrication du papier. En parallèle, des artiste et des faussaires s’acharne à reproduire les symboles présents sur les billets anglais à l’identique, tandis que des mathématiciens et cryptanalystes étudie le système de numérotation de la monnaie anglaise. Enfin, au bout de 7 mois, l’unité de faussaire obtient des résultats plus que satisfaisant. Ainsi, c’est plus de 400 000 coupures au total de 5 ou 10 £ qui sortent de l’imprimerie secrète du troisième Reich. Naujocks envois ses nouvelles contrefaçons à une banque suisse pour une expertise des billets, qui -après la confirmation de leur « authenticité » l’envoi à la banque d’Angleterre. Puis, trois jours plus tard, le verdict est sans appel: 90% des billets sont acceptés. Cependant, à la fin de l’an 1940 Heydrich limoge Naujoks, jalousant son succès et voulant rester en lumière au prix de faire ralentir la mission. Il faudra attendre son assassinat en Juin 1942, pour que le projet, légué à Heindrich Himmler re remette en marche. Le numéro 2 du parti nomme Bernhard Krüger, major SS, chef de l’opération. Malheureusement pour eux, le bon sens des employé de la Reich Bank les font se rechigner de s’adonner à ces activités illégales. Krüger se tourne donc vers une autre mains d’œuvres : les prisonniers des camps de concentration. Ceci, marque le lancement de l’opération Bernard.
En septembre de la même année, un convoie de détenu s’installe dans les blocs 18 et 19 du camps de Sachsenhausen (à quelques kilomètres au Nords de Berlin), afin d’être transformé en atelier de contrefaçon. La sécurité y est triplement renforcé afin que personnes ne sache ce qui s’y trame. Artistes, faussaires, imprimeurs ou même comptable sont recrutés parmi les prisonniers juifs du camps qui, en échange, bénéficies d’un traitement moins inhumain. Le mois glaciale de décembre 1942 marque l’achèvement des préparatifs et le redémarrage de l’opération de faux-monnayage. Dans les froids ateliers, plus de mille détenus se relaient jours et nuit afin d’obtenir des résultats plus que parfait, à un tel point que dès le début de l’année 1943, les premières coupures (identique à de vrai Livres) sortent du camp. Elles sont envoyées pour être blanchi au manoir de Tyrol (au Nord de L’Italie) afin de financer l’effort de guerre allemand ou d’acheter des informations comme l’emplacement de la prison secrète qui renferme l’allié italien d’Hitler : Benito Mussolini. Prenant enfin la menace au sérieux, la Banque d’Angleterre décide d’arrêter la production de billet d’une valeur supérieur à 10 Livres, mais en parallèle, l’opération Bernhard prend des proportions industrielle, jusqu’à atteindre son paroxysme en mai 44 où une nouvelle monnaie s’ajoute au plan : le Dollar américain.
Cependant, en mars 1945, la jouissance et les sourires narquois des nazis s’évanouirent aussi vite que l’arrivé de l’armé rouge au portes du camps de Sachsenhausen. (CHEH) La panique est à son comble dans les blocs 18 et 19 du camps. Dans la précipitation, les imprimantes et autres ustensiles sont démonté et caché à la hâte, tandis que les prisonniers juifs sont transférés dans les camps d’Autriche du IIIe Reich. Alors, l’opération Bernhard prend un tout autre tournant : effacer toutes preuves de son existence. La majeure partie des faux-billets sont mit dans des caisses puis balancé dans les eaux glaciales d’un lac de hautes montagne, et l’unité de faussaires prisonniers est envoyé au camps d’Ebensee où ils seront exécuter une fois tous réunis. Cependant, le manque de matériel et de temps dû à la situation de crise les ralentis considérablement et le 5 mars 1945, l’armée américaine libère le camps et sauves les courageux prisonniers des griffes des nazis.

À la fin de la guerre, des centaines de haut-dignitaires nazis (vivant et qui n’ont pas pris la fuite), son jugée partout en Europe pour leur atrocités. Parmi eux se tient Bernhard Krüger. Chemise boutonné et cravate serré, il est près a être jugé pour les crimes qu’il a commis Cependant, le faux-monnayage n’étant pas un crime de guerre, ses accusations ne porterons pas sur son rôle majeur dans l’opération Bernhard. Et à peine libéré de prison en 1947, il y retourne -cette fois en France- après avoir refuser de collaborer avec les autorité françaises, à la création de faux documents. Cependant, lors de son dernier procès, l’ancien nazis est disculpé, et c’est dans une totale ironie, qu’il finira ses jours en temps qu’employé dans la papeterie de Hahnemühle, celle qui -des années au paravent- était sous ses ordres pour la fabrication de faux billets.

Au totale, c’est plus de 9 millions de tonnes de faux billets qui furent retrouvé, à une valeur de plus de 135 millions de Livres sterlings, ce qui représentait pas moins de 15% de l’économie Britannique durant la seconde guerre mondiale. Heureusement, les nazis ne sont pas arrivé à bout de leur plan, mais à cause d’eux, la Banque d’Angleterre à dû refaire l’intégralité de ses billets, nous donnant un début de la Livre que l’on connait aujourd’hui.

Par Flora GUIDI

Sources:

Marc Tiley, The Third Reich’s Bank of England, History Today, 2007 https://www.historytoday.com/arc…​

« Hitler’s plan to wreck Britain’s economie with fake money », vidéo/documentaire publié sur la chaine youtube de Real History.

« Le plan secret des NAZIS pour fabriquer 9 millions de faux billets – HDG#30 » vidéo/documentaire publié sur la chaine youtube de Mamytwink.

Elles ont peut être étudié sur cette chaise…

En 1883 il est le troisième « Lycée de Jeunes Filles », créé en France après Montpellier et Nantes. Mais compte tenu du coût, et des délais de livraison, il n’ouvre ses portes que le 10 octobre 1887. A sa création, il comportait toutes les classes, du jardin d’enfants [crèche] à la terminale. Ainsi, certaines jeunes filles ont fait toute leur scolarité entre ses murs. La suppression des classes primaires s’est effectuée progressivement. À la rentrée de 1969, c’est la mixité. En 1972 c’est au tour des classes de 6ème à la 3ème de disparaître. Désormais, on entrera au Lycée en classe de 2nde. Années après années, théâtre de l’évolution de la société niçoise, qui sont ces Femmes qui ont étudié dans ce lycée ? 

Photo prise a la maison de campagne de la famille en Allemagne avant le départ de la famille pour la France, 1927 — Bibliothèque du congres de Washington

Eva Freud (1924-1934)

Robe tricotée, cheveux courts et assise sur les genoux de son grand père, Sigmund Freud (père de la psychanalyse), Eva Freud n’a que quelques années sur cette photo. Eva et ses parents, de confession Juive, durent fuir le nazisme en 1933. Elle avait 9 ans lorsqu’elle arriva à Paris puis déménagea à Nice. Agée de 10 ans, en 1934, Eva fut scolarisée cette année-là au Collège et lycée de filles de Nice. Naturalisée en 1938, puis dénaturalisée au cours de l’année 1940, sa famille dut faire face a la spoliation de ses biens et notamment  des deux studios photo qui permettaient à Oliver [le père d’Eva] de faire vivre sa famille à Nice, en vertu des lois anti-juives de Vichy. Le 11 novembre 1942, Hitler déclenche l’opération « Attila ». En réponse au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, l’armée allemande franchit la ligne de démarcation qui sépare la France occupée de la France dite « libre » depuis l’armistice de 1940. Pour la famille Freud, il faut fuir à nouveau. Cette fois-ci aux Etats-Unis. En opposition avec la figure parentale, et surtout retenue par un amour de jeunesse, elle refusa de suivre ses parents aux États Unis.

Au collège et Lycée de Nice, des jeunes filles se côtoyèrent pendant la guerre. Certaines étaient juives et, parmi elles, certaines moururent, d’autres survécurent… Eva fit ainsi la rencontre de Nicole Dreyfus [voir ci après], élève elle aussi au lycée de jeunes filles, avec laquelle elle échangea notamment sur les relations conflictuelles avec sa mère.

Toujours au sein du lycée, elle croisa le chemin de Simone Veil, qui avait trois ans de moins qu’elle, cette dernière évoqua Eva dans son autobiographie (Veil, 2007). Elles eurent des destins tragiques qui se firent étrangement résonance. Alors que Simone Veil fut arrêtée à Nice puis subit le traumatisme de la déportation et qu’elle mit plus tard en œuvre la loi sur l’IVG, Eva Freud échappa aux bourreaux, mais mourut des suites d’un avortement clandestin. Eva Freud, née à Berlin en 1924, mourut à 20 ans, à Marseille, au moment de la libération de Nice en 1944, lors d’une intervention chirurgicale sur des abcès au cerveau consécutifs à une septicémie provoquée par un avortement. Mais ses parents, sa famille ne surent jamais les causes réelles du décès. Étrangement, dans la famille Freud, la grippe espagnole réapparaît comme prétexte pour masquer le décès lié à une grossesse non désirée, celle de la tante d’Eva, Sophie, survenu quelques années avant celui d’Eva. Ce motif a également été utilisé pour dissimuler les véritables causes du décès d’Eva à sa famille.

Simone Jacob (au centre) et ses sœurs Denise et Madeleine.

Simone Jacob & Denise Jacob

Simone Jacob, plus connue sous le nom de Simone Veil, fera sa scolarité ainsi que sa sœur Denise, future Denise Vernay, au lycée de jeunes filles de Nice.


À Nice, le 13 juillet 1927, une petite fille voit le jour. Elle s’appelle Simone Jacob. Au moment de sa naissance, la famille a déménagé à Nice. Son père pense, que la Côte d’Azur, qui attirait déjà depuis la fin du XIXe siècle, un certain nombre de gens riches et de puissants, allait devenir un nouvel eldorado.

A partir de 1924 les valises de la famille sont posées à Nice. Le père est architecte et la mère avait abandonné ses études de chimie, qui la passionnaient, pour se consacrer à sa famille. Les affaires du père fonctionnent. Possédant son propre cabinet, le père est installé dans une des pièces de l’appartement bourgeois de la famille, dans le quartier des Musiciens à Nice où les nombreuses habitations, notamment de style Belle Époque, faisant face à la mer, conservent encore le souvenir de la noblesse européenne, de l’aristocratie russe. « Une enfance heureuse, cela vous comble pour la vie », dira Simone Veil en 2007. C’est avec des yeux d’enfants que Simone Veil conserve des souvenirs de cette époque, de cette douceur de vivre sur la Côte d’Azur, alors emplie du confort qui régnait à la fin des années 20. 

Le 24 octobre 1929, c’est le Krach. Le chômage augmente sensiblement à Nice. À la maison, la situation financière se dégrade rapidement. Les commandes se raréfient, il faut vendre la voiture, quitter le bel appartement pour un autre plus petit, vendre les meubles et quitter la vue sur la Promenade des Anglais pour la vue sur la campagne de l’arrière-pays niçois. Aggravé par l’interdiction du père d’exercer sa profession dès septembre 1939. C’est dans cet environnement que grandit la jeune Simone. Elle est très liée avec ses sœurs aînées qui veillent sur elle avec la plus grande attention.

A l’école, Simone passe les classes aisément. Dans la famille Jacob, le désintérêt de la politique – voulu par la figure paternelle – expire avec la multiplication des événements antisémites Nuit de Cristal 38 et l’arrivée des familles juives de toute l’Europe 1933-1939 afin de fuir le nazisme. Les intellectuelles juifs Allemands fuient et, c’est à ce moment là, que la famille Freud se lie d’amitié avec la famille Jacob et Simone avec Eva.
Le , alors qu’elle va, avec un ami, rejoindre les filles de sa classe pour fêter la fin des épreuves du baccalauréat [qu’elle obtiendra], elle est contrôlée par deux Allemands qui détectent la falsification de sa carte d’identité et l’arrêtent. Elle est déportée dans un premier temps au camp de Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau et enfin au camp de Bobrek, elle en reviendra vivante.

Désormais marquée d’un tatouage, preuve de la barbarie nazie, elle sera conseillère technique au Garde des Sceaux et première femme à être nommée Secrétaire Générale du Conseil Supérieur de la Magistrature. De 1974 a 1976, elle est nommée ministre de la santé et elle sera porteuse de la Loi sur l’interruption de grossesse volontaire, entrée dans la Constitution Française. Le combat que Simone Veil mena en faveur des femmes est né dans le rapport que Simone, adolescente, entretenait avec la figure maternelle, celle ci avait renoncé à sa vie professionnelle à la demande de son mari. Ce que la jeune fille jugeait injuste. L’injustice est devenue pour elle la cause principale de son combat.
Grande supportrice du projet européen, elle sera Présidente du Parlement Européen de 1979 à 1982. Ce sera aussi elle, qui prendra place dans le fauteuil de Racine, à l’Académie Française en 2008.


Denise Vernay et son cousin, avant son engagement dans la résistance

Denise, figure moins médiatisée ou plutôt oubliée avec le temps, sœur aînée de Simone nait le 24 juin 1924. Passons les détails de l’installation de la famille, déjà expliqués plus haut.

Le 9 septembre 1939, la Gestapo s’installe à Nice. Le nouveau « statut des Juifs » décrété par Vichy prive alors le père du droit d’exercer son métier. La pénurie s’installe. Denise donne déjà des leçons particulières de mathématiques pour aider sa famille. A la rentrée scolaire de 1940, elle entre en classe de première au lycée de jeunes filles. A 17 ans, contrairement à sa sœur [Simone] qui ne se démarquait pas par son engagement politique, au lycée et sous l’Occupation, Denise inscrivait au tableau noir avec une camarade les mots d’ordre et les messages diffusés par Radio Londres [nom donné aux programmes en langue française, dans le studio de la section française de la BBC, à la suite de l’appel du puis diffuse des tracts. C’est son premier acte de résistance. Éclaireuse puis cheftaine à la section neutre de la Fédération française des éclaireuses, branche du scoutisme laïque, elle est totémisée Miarka, (nom d’une héroïne bohémienne). En 1941, elle obtient le baccalauréat de philosophie et de mathématiques.

À l’automne , les rafles d’étrangers juifs s’intensifient, elle rejoint l’Union générale des israélites de France, munie de faux papiers, elle aide à cacher des enfants et parents juifs.
En , alors qu’elle participe à un camp de cheftaines éclaireuses avec sa sœur aînée Madeleine (dites : « Milou »), leur père les avertit de l’intensification des rafles. Elle suit le conseil de son père de ne pas revenir à Nice dans sa famille : Denise entre en contact avec la Résistance : c’est décidé, elle rejoindra une amie cheftaine dans l’Isère qui l’héberge. Mise en contact avec le mouvement Franc-Tireur, elle devient agent de liaison au sein du mouvement lyonnais à 19 ans, en , sous le nom de code de Miarka, hérité des éclaireuses. D’octobre 1943 à mai 1944, elle se charge de glisser du courrier clandestin dans les boites aux lettres du centre-ville de Lyon et de diffuser le journal clandestin ; Franc-Tireur.

Le , elle retourne à Nice où elle retrouve ses parents pour les 21 ans de sa sœur Madeleine. Ce fut sa dernière réunion de famille, car seulement dix jours plus tard, tous seront déportés. Miarka de retour à Lyon se met alors entièrement au service du mouvement « Franc-tireur ». Elle ne reverra jamais son frère Antoine, sa mère et son père.
Au début du mois d’, elle quitte Lyon pour Annecy et devient agent de liaison des Mouvements unis de la Résistance en Haute-Savoie, sous le nom, cette fois ci, de Annie. Elle se porte volontaire pour, dans un premier temps, récupérer en Saône-et-Loire du matériel qui a été parachuté, pour l’acheminer vers le maquis des Glières. Elle effectue alors 240 km à bicyclette jusqu’à Clun   La distance moyenne d’une étape du Tour de France (homme) est de 160 km , où elle récupère les postes émetteurs, et les achemine en taxi jusqu’à Caluire, où elle est hébergée par une cadre de la Fédération française des éclaireuses. Le lendemain, le , alors qu’elle est en route pour déposer le matériel à la gare d’Aix-les-Bains, son taxi est arrêté par une milice de la Gestapo entre Bourgoin et La Tour du Pin. Elle est conduite au siège de la Gestapo de Lyon, place Bellecour, où elle est torturée par les hommes de Klaus Barbie, elle est soumise à la torture par l’eau.

Denise est transférée de prison en prison pour enfin arriver au camp de Ravensbruck en juillet 1944. A la différence des autres membres de sa famille, elle est déportée en tant que résistante. Denise se distingue une nouvelle fois par son héroïsme et son courage : au camp, alors même épuisée par les conditions invivables du camp, elle prend volontairement la place de camarades polonaises épuisées par les expérimentations médicales, pour endurer a leur place les interminables appels, en témoignera son amie Germaine Tilion (autrice de :Une opérette à Ravensbrück, Le Verfügbar aux Enfers). Le camp est libéré le 21 avril 1945.

Sa mère et ses sœurs on été déportées à Auschwitz. Sa mère meurt ; Simone et Madeleine sont libérées en . Quelques années plus tard, Milou meurt le .

Les sœurs Jacob, survivantes de la barbarie du régime nazi, resteront un modèle de courage et d’héroïsme pour l’humanité.


Eva Freud et Nicole Dreyfus dans Le misanthrope de Molière, Lycée Calmette, Nice, 1942 (Droits réservés Bibliothèque Sigmund Freud).

Nicole Dreyfus

À la mort de son père, en 1937, elle s’installa avec sa mère à Nice où elle fut inscrite au lycée de jeunes filles. C’est à cette époque qu’elle fit la connaissance d’Eva qui avait exactement le même âge qu’elle. En 1943, à l’arrivée des Allemands à Nice, Nicole et sa mère obtinrent des faux papiers par un réseau de Résistance et se cachèrent à Monaco. En mars 1944, avec l’aide de cousins qui vivaient en Suisse, elles trouvèrent refuge à Megève jusqu’à la fin de la guerre. À la Libération, elle obtient sa licence en droit et en 1946, à l’âge de 22 ans, la descendante du célèbre Alfred Dreyfus, prête serment et devient avocate.

Militante  du parti communiste, inscrite depuis 1949, elle s’était très vite engagée dans de nombreux procès politiques en plaidant pour les militants algériens du Front de libération nationale (FLN) – organisation pour l’indépendance de l’Algérie, alors colonie de la France -, à la fin des années 1950 et au début des années 1960. En 1957, elle a défendu, à Alger, deux jeunes filles mineures, Baya Hocine et Djaouher Akrour, accusées d’actes de terrorisme. Ce qu’elle considérera plus tard comme l’épreuve la plus difficile. Bien qu’elles aient été condamnées à mort, leur jugement a été annulé par la Cour de cassation. Puis elle sera chargée de la défense de Zohra Drif, dirigeante du FLN pendant la bataille d’Alger. La défense de nombreux militants du FLN lui a valu des menaces de mort à Alger.

Comment être Dreyfusard aujourd’hui ? Nicole essaiera de répondre, « J’ai retrouvé dans la guerre d’Algérie l’exaltation qu’ont dû connaître les dreyfusards, en raison de notre certitude absolue d’être du côté du droit. », dira t’elle. Son combat était motivé par la défense, d’une manière ou d’une autre car les temps ont changé, des intérêts précédemment défendus pour et par les « justes ». « Être Dreyfusard au temps de la guerre d’Algérie, c’était soutenir par tous les moyens le peuple algérien ». Mais Nicole savait aussi, faire la part des choses, car en temps de guerre rien n’est tout blanc ni tout noir. Elle reconnut que « les moyens qu[e] [les militants de l’indépendance Algérienne] employaient, n’étaient pas toujours conformes à la morale, […] mais leur cause était juste, et, pour moi, c’était le principal. » Alors, à chacun de penser ce qui est juste ou non, mais il est important de souligner la fidélité de Nicole, femme avocate dans les années cinquante, à ses convictions morales. « Les moyens engagés contre eux étaient, eux aussi, contraires à la morale : tortures, assassinats, consistant à abattre des prisonniers au prétexte d’une tentative d’évasion, autant de méthodes employées systématiquement par l’armée à l’encontre d’algériens engagés dans ce combat légitime. »


Michèle Cotta, 1993, © Archives de la Ville de Saint-Dié-des-Vosges

Michèle Cotta

Ultime figure, élève au lycée de jeunes filles : Michèle Cotta. Elle est la fille du premier maire de Nice, Jacques Cotta, élu après la Libération. Diplômée de SciencesPo Paris en 1959, elle soutient ensuite sa thèse de doctorat à la Fondation Nationale des Sciences Politiques.

Elle a commencé sa carrière de journaliste politique à Combat où, elle obtient, la première, un entretien avec François Mitterrand – futur président en 1981. Le 5 mai 1981, avant le second tour de l’élection présidentielle, elle anime, avec Jean Boissonnat, le débat électoral entre le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, et le candidat François Mitterrand. En juillet 1981, Michèle Cotta est nommée par le Premier Ministre, Pierre Mauroy, avec l’accord de François Mitterrand, présidente-directrice de Radio France. Son mandat est prévu pour durer initialement trois ans, mais elle assurera, finalement, jusqu’en 1986 la fonction de présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) –aujourd’hui l’ARCOM-.

Michèle Cotta a été directrice de l’information à TF1 entre 1987 et 1992 et directrice générale de France 2 entre 1999 à 2002. Chroniqueuse politique au magazine Le Nouvel Économiste. Journaliste politique, hautement aguerrie, elle est aussi l’auteure de nombreux essais politiques comme Ma Cinquième (2023). Il relate l’instauration de la Ve République, jusqu’à la première alternance -qui n’est advenue qu’en 1981-. De ce petit quart de siècle, il est restitué l’atmosphère politique.

Elle reçoit, le 4 avril 2009, le prix du « livre politique » pour le deuxième tome de ses Cahiers secrets de la Ve République. Tantôt observatrice, tantôt actrice, toujours lucide, elle fait la lumière sur les événements qui ont forgé la France d’aujourd’hui de son regard éclairé de journaliste. Elle donne encore régulièrement des interviews, riches en informations et en détails historiques.


 

« Ce n’est pas sans émotion qu’il m’arrive presque vingt ans plus tard, de penser à ces « années Lycée Calmette » et je souhaite à tous ses futurs élèves de s’y forger de si mémorables souvenirs. »

D. Aubespin

 


Arthur NUTTE PLENT
Sources (Liste non exhaustive) ; Association des Anciennes et Anciens du Lycée Calmette de Nice, Wikipedia (1), (2), (3), (4), (5) RFPSY (Eva Freud), Ouvrage ; Qui a tué Eva Freud ? (2018), Fondation de la Résistance, citation ; AAADLC