2018-2019Parole libérée (délivrée)

Rouge et Blanc ( partie 3 et dernière partie ^^)

 

« Rendez nous nos terres »… Pouvait-on être plus clair ?

Lola voyait soudain la vie autrement. Comme si on avait ôté le bandage qui lui couvrait les yeux. « Ce sont des monstres, des victimes, des meurtriers, des innocents… ». Les pensées surgissaient par milliers. Une idée aussitôt émergeait, qu’une autre, contraire, prenait instantanément sa place.

– Rendez-nous nos terres ! Répétait l’indien derrière la porte. Rendez-nous nos terres !!!

– Je vois que vous parlez notre langue Monsieur… et qu’un thé ne vous convient pas. J’aimerais rester derrière cette porte si vous me le permettez…

Il tambourina à la porte pendant quinze longues secondes avant de s’asseoir, tout comme Lola, au pied de la porte.

– Vous avez exterminé mon peuple, détruit mon village et le village de mes frères, accusa l’indien avec son accent étrange et sa voix grave. Vous avez enlevé les âmes de centaines de personnes et tué la Terre Mère en moins d’une semaine. Êtes-vous prête à assumez vos actes ?

– Vous dites cela, comme si c’était de ma faute ! Pleurnicha Lola. Je n’y suis pour rien, mon père est le financier de cette académie, pas le meurtrier de vos frères !

– Ah les hommes blancs ! Ils ne savent que rejeter la faute les uns sur les autres ! C’est vous, Mademoiselle Lola, qui avez désiré la construction de ce lieu maudit. Vous êtes la seule fautive.

Un silence de mort s’installa. Lola se sentait mal, elle avait envie d’arrêter immédiatement cette discussion. La jeune femme se boucha les oreilles et enfouit sa tête dans ses genoux pour pleurer. Elle ne pouvait plus rétorquer quoi que ce soit, l’indien avait raison. Mais pourquoi s’en voulait-elle autant ? Elle avait juste fait construire un bâtiment, elle n’avait tué personne, qu’elle sache…

– Que voulez-vous enfin ?… lâcha Lola.

– Quand tu te rachèteras, je partirai.

– Des excuses ? Mille présents ? Une montre peut être, ou bien une maison ?

– Rien de tout cela. Ce que je vous demande est un million de fois plus précieux que ce que vous me proposez.

Lola commençait à avoir des sueurs froides. Qu’allait-il lui demander ? Un mariage d’alliance ? La destruction de l’académie ? Sa propre vie… ? Un sacrifice ? Quoi donc ?

Sa voix était brouillée par le bois de la porte. Elle parvint malgré tout à entendre la voix :
« Un hommage aux morts… »

« C’est tout ?! Avec une petite aide financière de la part de mon père et une intervention du prêtre, ça devrait aller. » Se disait Lola.

– … Dans le respect de nos traditions, précisa le rescapé.

« A croire qu’il lit dans les pensées ! » S’étonna Lola. Elle pensait à toutes ces choses horribles dont elle avait entendu parler. Les sacrifices humains, les têtes coupées, la crémation, les cadavres des morts. Les idées les plus terrifiantes se bousculaient dans sa tête.

– Vous ne pouvez pas refuser. Je ne partirai que quand vous aurez accompli la cérémonie mortuaire de mon village.

– Mais je n’y connais rien ! Essaya-t-elle.

– Les Esprits vous guideront ! Retrouvons-nous demain à l’aube aux portes de la forêt.
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Illuminée d’un rayon de lune, sous le ciel traversé d’une ceinture d’astres étincelants, Lola, couverte de peinture rouge, habillée de peaux de bêtes, exécutait une danse rituelle autour d’un immense feu de bois qui semblait s’élever jusqu’au ciel. L’indien chantait une chanson grave et rythmée en tapant sur un tam-tam. La jeune fille était plongée dans une sorte de transe. Elle entendait des centaines de voix lui chuchoter à l’oreille. Aucune parole n’avait de sens, mais aux oreilles de Lola, cela sonnait comme la plus douce des mélodies.

Elle sautait, tournait, chantait, dansait, autour du feu qui s’élevait de plus en plus haut. Dans les flammes, des centaines de formes de formaient. Ressemblant à des femmes, des hommes, des enfants et des animaux. Les voilà, ceux tant attendus. Le vieil homme en pleurait, mais continuait de taper sur son instrument, toujours plus fort. Les amérindiens étaient revenus et dansaient avec Lola, autour du feu.

 

Merci pour ceux qui ont pris le temps de lire ma nouvelle. Si vous y avez pris du plaisir, j’aurai accomplis mon devoir.