Ce vendredi 09 décembre 2022, l’équipe de l’Actu made in Dumont est allée au Pôle, salle d’art et de spectacle au Revest-les-eaux. C’est une représentation bien particulière à laquelle nous avons assisté puisqu’il s’agissait sur le papier d’un numéro de clown, ayant pour objectif de nous faire réfléchir sur le sujet philosophique qu’est le rire. Or, c’était en réalité bien plus qu’un simple spectacle clownesque ! Nous avons eu le privilège de pouvoir discuter quelques instants avec les artistes clown et la metteuse en scène afin d’en savoir davantage sur leur motivation et sur le spectacle en lui-même. L’objet de cet article est justement de vous donner des explications mais également un ressenti sur cette expérience inédite.
Tout d’abord, revenons-en au contexte. Intitulé Homo Sapiens, et mis en scène par l’artiste clown et plasticienne Caroline Obin, ce spectacle aborde l’état primitif de l’être humain à ses débuts (d’où le titre). Ainsi, au fil de la représentation, on assiste à l’évolution de l’Homme, ou plutôt du clown, avec notamment l’apparition de la parole et des premiers outils. C’est l’homme préhistorique qui devient l’homme contemporain. On assiste donc à une transition entre l’art originel avec la danse animale et le décor préhistorique (lianes et fresque) à un art plus contemporain avec notamment la maîtrise de la parole et des danses relativement modernes. Bien évidemment, chaque choix de mise en scène est fait en parfaite adéquation avec l’esprit du clown. Par exemple en utilisant du matériel souvent destiné à des apparitions comiques dans divers domaines comme le dessin-animé ou la bande dessinée. Ils ont fait le choix ici de la masse préhistorique comme outil principal (oui, c’est bien la chose dont certaines personnes se servent pour frapper la tête des autres – dans les aventures d’Astérix par exemple). Vous l’aurez donc deviné, lors de ce spectacle, les artistes ont un rapport bien particulier au corps ; un rapport comique entre violence, danse et affection. Le groupe de clowns traverse durant la représentation une multitude de péripéties, qu’il résout la plupart du temps par un comportement irréfléchi et complètement inattendu. Une bonne combinaison puisque la surprise (bien amenée) prête à rire : c’est instinctif !

L’intérêt de ce spectacle ne réside pas uniquement dans son intrigue, mais aussi dans l’action, c’est-à-dire dans la représentation visuelle et sonore du clown. En effet, l’action est soigneusement menée entre danses, shows d’habileté (jonglerie, beat-box) et shows comiques. La danse par exemple, suit une évolution en elle-même avec au départ une démarche complètement aléatoire, des mouvements animaux, pour devenir finalement quelque chose de plus structuré mais qui reste toujours dans une gestuelle comique. Par exemple, Caroline Obin nous a expliqué son choix d’utiliser la danse Krump qui lui permet d’extérioriser l’énergie primitive et brutale des clowns. Cette danse représente en fait la vitalité et le dynamisme exacerbé dont les clowns sont à l’origine. Elle a été fortement appréciée du public car elle est extrêmement prenante et surtout bien exécutée. Elle met par conséquent la technicité gestuelle des clowns en avant et permet ainsi aux spectateurs de ressentir un plaisir esthétique, notamment avec le son et le visuel qui se complètent étonnamment bien. La musique est donc aussi très présente et permet d’amplifier l’exécution d’une action. Par exemple, lors de la scène rituelle, une musique à l’ambiance pesante rythme les pas des clowns autour du feu. Aussi, chaque scène est accompagnée musicalement afin d’accentuer les émotions véhiculées par les clowns. Enfin, l’idée de rendre ce spectacle vivant permet aux spectateurs de ne jamais s’ennuyer et d’avoir toujours le regard attiré par quelque chose. C’est cette tension permanente que procure la représentation qui est selon nous bien menée car l’on peut assister à une diversité de scènes, qui nous montrent l’art du clown sous ses diverses formes et cela, au sein d’un même spectacle.

Ce type de mise en scène permet de faire évoluer notre avis initial sur l’univers du clown, au départ plutôt enfantin voire même effrayant pour de nombreuses personnes. Ce spectacle de clowns devient finalement un modèle d’art, agréable à vivre lorsqu’on y prend part.
Le prodige de ce spectacle est qu’il n’est en réalité jamais totalement écrit. Caroline Obin explique que son métier et celui de clown doivent faire face à beaucoup d’improvisation et que finalement le spectacle Homo Sapiens est en constante évolution. La veille du spectacle notamment, des modifications ont été encore apportées au déroulement de la pièce. Quant à la troupe d’artistes, elle est très hétérogène puisqu’elle se compose de personnes venant chacune d’endroits différents, voire même de pays différents. Certains sortent de l’école de cirque et d’autres jouent un rôle de clown pour la première fois. Ils se sont réunis par simple passion du théâtre et du clown et continuent parce qu’il faut dire que cela marche plutôt bien !
Homo Sapiens est une très belle prestation, qui laissera sûrement de bons souvenirs à ses spectateurs !
Si vous êtes intéressé pour (re)découvrir le monde du clown et bousculer vos à-priori, vous trouverez notamment sur le site du Pôle (lien en bas de page) une large facette de spectacles à découvrir, que ce soit dans cette même salle ou ailleurs.
Stanislas Vogt pour l’Actu made in Dumont
Illustrations :
Un grand merci à l’équipe Communication du Pôle pour nous avoir communiqué ces beaux visuels !
Le Pôle : https://www.le-pole.fr/programmation
