Autum poem

« Autumn, After All »
Autumn.
Fall.
The realest season of them all.
No bright beginnings, no loud parade
Just golden light, and skies that fade.

The trees undress.
The wind exhales.
The world gets quiet, soft, and pale.
You walk through leaves like whispered thought,
Like memories the summer forgot.

It’s the season of staying in.
Of wool socks, books, and porcelain.
Of rain that taps on window glass
And hours that don’t feel rushed to pass.

You don’t have to shine here.
You don’t have to bloom.
You can just be
A body in a warm, dim room.

We light a candle.
We let things go.
We learn the art of moving slow.
Not stuck. Not lost.
Just… still.
For once, we let the silence fill.

And Halloween?
That sacred game
Where masks reveal more than they claim.
Where even ghosts feel less alone.
Where shadows say: you’re not unknown.

See, in autumn…
You’re allowed to fall apart.
To feel the ache inside your heart.
To wear your layers, show your seams
And sleep beneath the weight of dreams.

The world gets dark.
But not in fear.
It just means night is drawing near.
And in that dusk, we start to see
The quiet truth: we’re finally free.

So let the others chase the sun.
Let them bloom and come undone.
I’ll be here
Where curtains fall.
In autumn.
Deepest truth of all.

Valentina
ROSSI SCHMID
103

Elles ont peut être étudié sur cette chaise…

En 1883 il est le troisième « Lycée de Jeunes Filles », créé en France après Montpellier et Nantes. Mais compte tenu du coût, et des délais de livraison, il n’ouvre ses portes que le 10 octobre 1887. A sa création, il comportait toutes les classes, du jardin d’enfants [crèche] à la terminale. Ainsi, certaines jeunes filles ont fait toute leur scolarité entre ses murs. La suppression des classes primaires s’est effectuée progressivement. À la rentrée de 1969, c’est la mixité. En 1972 c’est au tour des classes de 6ème à la 3ème de disparaître. Désormais, on entrera au Lycée en classe de 2nde. Années après années, théâtre de l’évolution de la société niçoise, qui sont ces Femmes qui ont étudié dans ce lycée ? 

Photo prise a la maison de campagne de la famille en Allemagne avant le départ de la famille pour la France, 1927 — Bibliothèque du congres de Washington

Eva Freud (1924-1934)

Robe tricotée, cheveux courts et assise sur les genoux de son grand père, Sigmund Freud (père de la psychanalyse), Eva Freud n’a que quelques années sur cette photo. Eva et ses parents, de confession Juive, durent fuir le nazisme en 1933. Elle avait 9 ans lorsqu’elle arriva à Paris puis déménagea à Nice. Agée de 10 ans, en 1934, Eva fut scolarisée cette année-là au Collège et lycée de filles de Nice. Naturalisée en 1938, puis dénaturalisée au cours de l’année 1940, sa famille dut faire face a la spoliation de ses biens et notamment  des deux studios photo qui permettaient à Oliver [le père d’Eva] de faire vivre sa famille à Nice, en vertu des lois anti-juives de Vichy. Le 11 novembre 1942, Hitler déclenche l’opération « Attila ». En réponse au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, l’armée allemande franchit la ligne de démarcation qui sépare la France occupée de la France dite « libre » depuis l’armistice de 1940. Pour la famille Freud, il faut fuir à nouveau. Cette fois-ci aux Etats-Unis. En opposition avec la figure parentale, et surtout retenue par un amour de jeunesse, elle refusa de suivre ses parents aux États Unis.

Au collège et Lycée de Nice, des jeunes filles se côtoyèrent pendant la guerre. Certaines étaient juives et, parmi elles, certaines moururent, d’autres survécurent… Eva fit ainsi la rencontre de Nicole Dreyfus [voir ci après], élève elle aussi au lycée de jeunes filles, avec laquelle elle échangea notamment sur les relations conflictuelles avec sa mère.

Toujours au sein du lycée, elle croisa le chemin de Simone Veil, qui avait trois ans de moins qu’elle, cette dernière évoqua Eva dans son autobiographie (Veil, 2007). Elles eurent des destins tragiques qui se firent étrangement résonance. Alors que Simone Veil fut arrêtée à Nice puis subit le traumatisme de la déportation et qu’elle mit plus tard en œuvre la loi sur l’IVG, Eva Freud échappa aux bourreaux, mais mourut des suites d’un avortement clandestin. Eva Freud, née à Berlin en 1924, mourut à 20 ans, à Marseille, au moment de la libération de Nice en 1944, lors d’une intervention chirurgicale sur des abcès au cerveau consécutifs à une septicémie provoquée par un avortement. Mais ses parents, sa famille ne surent jamais les causes réelles du décès. Étrangement, dans la famille Freud, la grippe espagnole réapparaît comme prétexte pour masquer le décès lié à une grossesse non désirée, celle de la tante d’Eva, Sophie, survenu quelques années avant celui d’Eva. Ce motif a également été utilisé pour dissimuler les véritables causes du décès d’Eva à sa famille.

Simone Jacob (au centre) et ses sœurs Denise et Madeleine.

Simone Jacob & Denise Jacob

Simone Jacob, plus connue sous le nom de Simone Veil, fera sa scolarité ainsi que sa sœur Denise, future Denise Vernay, au lycée de jeunes filles de Nice.


À Nice, le 13 juillet 1927, une petite fille voit le jour. Elle s’appelle Simone Jacob. Au moment de sa naissance, la famille a déménagé à Nice. Son père pense, que la Côte d’Azur, qui attirait déjà depuis la fin du XIXe siècle, un certain nombre de gens riches et de puissants, allait devenir un nouvel eldorado.

A partir de 1924 les valises de la famille sont posées à Nice. Le père est architecte et la mère avait abandonné ses études de chimie, qui la passionnaient, pour se consacrer à sa famille. Les affaires du père fonctionnent. Possédant son propre cabinet, le père est installé dans une des pièces de l’appartement bourgeois de la famille, dans le quartier des Musiciens à Nice où les nombreuses habitations, notamment de style Belle Époque, faisant face à la mer, conservent encore le souvenir de la noblesse européenne, de l’aristocratie russe. « Une enfance heureuse, cela vous comble pour la vie », dira Simone Veil en 2007. C’est avec des yeux d’enfants que Simone Veil conserve des souvenirs de cette époque, de cette douceur de vivre sur la Côte d’Azur, alors emplie du confort qui régnait à la fin des années 20. 

Le 24 octobre 1929, c’est le Krach. Le chômage augmente sensiblement à Nice. À la maison, la situation financière se dégrade rapidement. Les commandes se raréfient, il faut vendre la voiture, quitter le bel appartement pour un autre plus petit, vendre les meubles et quitter la vue sur la Promenade des Anglais pour la vue sur la campagne de l’arrière-pays niçois. Aggravé par l’interdiction du père d’exercer sa profession dès septembre 1939. C’est dans cet environnement que grandit la jeune Simone. Elle est très liée avec ses sœurs aînées qui veillent sur elle avec la plus grande attention.

A l’école, Simone passe les classes aisément. Dans la famille Jacob, le désintérêt de la politique – voulu par la figure paternelle – expire avec la multiplication des événements antisémites Nuit de Cristal 38 et l’arrivée des familles juives de toute l’Europe 1933-1939 afin de fuir le nazisme. Les intellectuelles juifs Allemands fuient et, c’est à ce moment là, que la famille Freud se lie d’amitié avec la famille Jacob et Simone avec Eva.
Le , alors qu’elle va, avec un ami, rejoindre les filles de sa classe pour fêter la fin des épreuves du baccalauréat [qu’elle obtiendra], elle est contrôlée par deux Allemands qui détectent la falsification de sa carte d’identité et l’arrêtent. Elle est déportée dans un premier temps au camp de Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau et enfin au camp de Bobrek, elle en reviendra vivante.

Désormais marquée d’un tatouage, preuve de la barbarie nazie, elle sera conseillère technique au Garde des Sceaux et première femme à être nommée Secrétaire Générale du Conseil Supérieur de la Magistrature. De 1974 a 1976, elle est nommée ministre de la santé et elle sera porteuse de la Loi sur l’interruption de grossesse volontaire, entrée dans la Constitution Française. Le combat que Simone Veil mena en faveur des femmes est né dans le rapport que Simone, adolescente, entretenait avec la figure maternelle, celle ci avait renoncé à sa vie professionnelle à la demande de son mari. Ce que la jeune fille jugeait injuste. L’injustice est devenue pour elle la cause principale de son combat.
Grande supportrice du projet européen, elle sera Présidente du Parlement Européen de 1979 à 1982. Ce sera aussi elle, qui prendra place dans le fauteuil de Racine, à l’Académie Française en 2008.


Denise Vernay et son cousin, avant son engagement dans la résistance

Denise, figure moins médiatisée ou plutôt oubliée avec le temps, sœur aînée de Simone nait le 24 juin 1924. Passons les détails de l’installation de la famille, déjà expliqués plus haut.

Le 9 septembre 1939, la Gestapo s’installe à Nice. Le nouveau « statut des Juifs » décrété par Vichy prive alors le père du droit d’exercer son métier. La pénurie s’installe. Denise donne déjà des leçons particulières de mathématiques pour aider sa famille. A la rentrée scolaire de 1940, elle entre en classe de première au lycée de jeunes filles. A 17 ans, contrairement à sa sœur [Simone] qui ne se démarquait pas par son engagement politique, au lycée et sous l’Occupation, Denise inscrivait au tableau noir avec une camarade les mots d’ordre et les messages diffusés par Radio Londres [nom donné aux programmes en langue française, dans le studio de la section française de la BBC, à la suite de l’appel du puis diffuse des tracts. C’est son premier acte de résistance. Éclaireuse puis cheftaine à la section neutre de la Fédération française des éclaireuses, branche du scoutisme laïque, elle est totémisée Miarka, (nom d’une héroïne bohémienne). En 1941, elle obtient le baccalauréat de philosophie et de mathématiques.

À l’automne , les rafles d’étrangers juifs s’intensifient, elle rejoint l’Union générale des israélites de France, munie de faux papiers, elle aide à cacher des enfants et parents juifs.
En , alors qu’elle participe à un camp de cheftaines éclaireuses avec sa sœur aînée Madeleine (dites : « Milou »), leur père les avertit de l’intensification des rafles. Elle suit le conseil de son père de ne pas revenir à Nice dans sa famille : Denise entre en contact avec la Résistance : c’est décidé, elle rejoindra une amie cheftaine dans l’Isère qui l’héberge. Mise en contact avec le mouvement Franc-Tireur, elle devient agent de liaison au sein du mouvement lyonnais à 19 ans, en , sous le nom de code de Miarka, hérité des éclaireuses. D’octobre 1943 à mai 1944, elle se charge de glisser du courrier clandestin dans les boites aux lettres du centre-ville de Lyon et de diffuser le journal clandestin ; Franc-Tireur.

Le , elle retourne à Nice où elle retrouve ses parents pour les 21 ans de sa sœur Madeleine. Ce fut sa dernière réunion de famille, car seulement dix jours plus tard, tous seront déportés. Miarka de retour à Lyon se met alors entièrement au service du mouvement « Franc-tireur ». Elle ne reverra jamais son frère Antoine, sa mère et son père.
Au début du mois d’, elle quitte Lyon pour Annecy et devient agent de liaison des Mouvements unis de la Résistance en Haute-Savoie, sous le nom, cette fois ci, de Annie. Elle se porte volontaire pour, dans un premier temps, récupérer en Saône-et-Loire du matériel qui a été parachuté, pour l’acheminer vers le maquis des Glières. Elle effectue alors 240 km à bicyclette jusqu’à Clun   La distance moyenne d’une étape du Tour de France (homme) est de 160 km , où elle récupère les postes émetteurs, et les achemine en taxi jusqu’à Caluire, où elle est hébergée par une cadre de la Fédération française des éclaireuses. Le lendemain, le , alors qu’elle est en route pour déposer le matériel à la gare d’Aix-les-Bains, son taxi est arrêté par une milice de la Gestapo entre Bourgoin et La Tour du Pin. Elle est conduite au siège de la Gestapo de Lyon, place Bellecour, où elle est torturée par les hommes de Klaus Barbie, elle est soumise à la torture par l’eau.

Denise est transférée de prison en prison pour enfin arriver au camp de Ravensbruck en juillet 1944. A la différence des autres membres de sa famille, elle est déportée en tant que résistante. Denise se distingue une nouvelle fois par son héroïsme et son courage : au camp, alors même épuisée par les conditions invivables du camp, elle prend volontairement la place de camarades polonaises épuisées par les expérimentations médicales, pour endurer a leur place les interminables appels, en témoignera son amie Germaine Tilion (autrice de :Une opérette à Ravensbrück, Le Verfügbar aux Enfers). Le camp est libéré le 21 avril 1945.

Sa mère et ses sœurs on été déportées à Auschwitz. Sa mère meurt ; Simone et Madeleine sont libérées en . Quelques années plus tard, Milou meurt le .

Les sœurs Jacob, survivantes de la barbarie du régime nazi, resteront un modèle de courage et d’héroïsme pour l’humanité.


Eva Freud et Nicole Dreyfus dans Le misanthrope de Molière, Lycée Calmette, Nice, 1942 (Droits réservés Bibliothèque Sigmund Freud).

Nicole Dreyfus

À la mort de son père, en 1937, elle s’installa avec sa mère à Nice où elle fut inscrite au lycée de jeunes filles. C’est à cette époque qu’elle fit la connaissance d’Eva qui avait exactement le même âge qu’elle. En 1943, à l’arrivée des Allemands à Nice, Nicole et sa mère obtinrent des faux papiers par un réseau de Résistance et se cachèrent à Monaco. En mars 1944, avec l’aide de cousins qui vivaient en Suisse, elles trouvèrent refuge à Megève jusqu’à la fin de la guerre. À la Libération, elle obtient sa licence en droit et en 1946, à l’âge de 22 ans, la descendante du célèbre Alfred Dreyfus, prête serment et devient avocate.

Militante  du parti communiste, inscrite depuis 1949, elle s’était très vite engagée dans de nombreux procès politiques en plaidant pour les militants algériens du Front de libération nationale (FLN) – organisation pour l’indépendance de l’Algérie, alors colonie de la France -, à la fin des années 1950 et au début des années 1960. En 1957, elle a défendu, à Alger, deux jeunes filles mineures, Baya Hocine et Djaouher Akrour, accusées d’actes de terrorisme. Ce qu’elle considérera plus tard comme l’épreuve la plus difficile. Bien qu’elles aient été condamnées à mort, leur jugement a été annulé par la Cour de cassation. Puis elle sera chargée de la défense de Zohra Drif, dirigeante du FLN pendant la bataille d’Alger. La défense de nombreux militants du FLN lui a valu des menaces de mort à Alger.

Comment être Dreyfusard aujourd’hui ? Nicole essaiera de répondre, « J’ai retrouvé dans la guerre d’Algérie l’exaltation qu’ont dû connaître les dreyfusards, en raison de notre certitude absolue d’être du côté du droit. », dira t’elle. Son combat était motivé par la défense, d’une manière ou d’une autre car les temps ont changé, des intérêts précédemment défendus pour et par les « justes ». « Être Dreyfusard au temps de la guerre d’Algérie, c’était soutenir par tous les moyens le peuple algérien ». Mais Nicole savait aussi, faire la part des choses, car en temps de guerre rien n’est tout blanc ni tout noir. Elle reconnut que « les moyens qu[e] [les militants de l’indépendance Algérienne] employaient, n’étaient pas toujours conformes à la morale, […] mais leur cause était juste, et, pour moi, c’était le principal. » Alors, à chacun de penser ce qui est juste ou non, mais il est important de souligner la fidélité de Nicole, femme avocate dans les années cinquante, à ses convictions morales. « Les moyens engagés contre eux étaient, eux aussi, contraires à la morale : tortures, assassinats, consistant à abattre des prisonniers au prétexte d’une tentative d’évasion, autant de méthodes employées systématiquement par l’armée à l’encontre d’algériens engagés dans ce combat légitime. »


Michèle Cotta, 1993, © Archives de la Ville de Saint-Dié-des-Vosges

Michèle Cotta

Ultime figure, élève au lycée de jeunes filles : Michèle Cotta. Elle est la fille du premier maire de Nice, Jacques Cotta, élu après la Libération. Diplômée de SciencesPo Paris en 1959, elle soutient ensuite sa thèse de doctorat à la Fondation Nationale des Sciences Politiques.

Elle a commencé sa carrière de journaliste politique à Combat où, elle obtient, la première, un entretien avec François Mitterrand – futur président en 1981. Le 5 mai 1981, avant le second tour de l’élection présidentielle, elle anime, avec Jean Boissonnat, le débat électoral entre le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, et le candidat François Mitterrand. En juillet 1981, Michèle Cotta est nommée par le Premier Ministre, Pierre Mauroy, avec l’accord de François Mitterrand, présidente-directrice de Radio France. Son mandat est prévu pour durer initialement trois ans, mais elle assurera, finalement, jusqu’en 1986 la fonction de présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) –aujourd’hui l’ARCOM-.

Michèle Cotta a été directrice de l’information à TF1 entre 1987 et 1992 et directrice générale de France 2 entre 1999 à 2002. Chroniqueuse politique au magazine Le Nouvel Économiste. Journaliste politique, hautement aguerrie, elle est aussi l’auteure de nombreux essais politiques comme Ma Cinquième (2023). Il relate l’instauration de la Ve République, jusqu’à la première alternance -qui n’est advenue qu’en 1981-. De ce petit quart de siècle, il est restitué l’atmosphère politique.

Elle reçoit, le 4 avril 2009, le prix du « livre politique » pour le deuxième tome de ses Cahiers secrets de la Ve République. Tantôt observatrice, tantôt actrice, toujours lucide, elle fait la lumière sur les événements qui ont forgé la France d’aujourd’hui de son regard éclairé de journaliste. Elle donne encore régulièrement des interviews, riches en informations et en détails historiques.


 

« Ce n’est pas sans émotion qu’il m’arrive presque vingt ans plus tard, de penser à ces « années Lycée Calmette » et je souhaite à tous ses futurs élèves de s’y forger de si mémorables souvenirs. »

D. Aubespin

 


Arthur NUTTE PLENT
Sources (Liste non exhaustive) ; Association des Anciennes et Anciens du Lycée Calmette de Nice, Wikipedia (1), (2), (3), (4), (5) RFPSY (Eva Freud), Ouvrage ; Qui a tué Eva Freud ? (2018), Fondation de la Résistance, citation ; AAADLC

Chanson douce de Leïla Slimani

Chanson douce est un livre écrit par Leïla Slimani et publié le 18 août 2016. Il obtenait, 3 mois plus tard, le 3 novembre, le prix Goncourt. Soit dit en passant, cette auteure est la deuxième femme, en cent-trois ans, à obtenir ce prix.

Le livre s’ouvre sur la mort d’un petit garçon et de sa sœur tués par une femme. Une analepse reprend alors où l’histoire avait chronologiquement commencé : quand les Massé ont décidé d’embaucher la femme, une nounou. Et ainsi pendant tout le livre nous suivons le quotidien de cette famille dans le Paris de notre époque, Leïla Slimani nous offrant l’occasion de voir tour à tour la psyché de chacun de ses personnages. Dès les premiers chapitres l’on peut voir la différence entre Louise et une nounou ordinaire. Elle raconte des histoires où « les héros meurent à la fin, non sans avoir sauvé le monde », elle peut devenir obsessionnelle avec certaines choses et bien trop véhémente dans certaines situations.

Dans cette œuvre, on connaît déjà le dénouement dès la première ligne. Et ainsi le but n’est pas de savoir ce qui va se passer à la fin, ni comment, mais pourquoi. Pourquoi cela est-il arrivé. Le livre suit la lente descente dans la folie de Louise qui va la pousser à tuer les deux enfants.

Dans ce livre inspiré par l’affaire Yoselin Ortega, Leila Slimani use d’une écriture immersive, où le lecteur a l’impression d’avoir la scène en face. Et malgré cela l’auteure garde une main littéraire dépourvu de jugement, froide, comme un rapport médical ou d’autopsie, et foisonnante de détails. Détails qui deviennent parfois trop, puisque nous savons que le sort des deux enfants est déjà scellé et que l’on nous les présente, nous les décrit, non pas comme des enfants mais comme des personnes à part entière avec leurs sentiments et idées.

Diane A.

L’art se confine.

Une œuvre à l’ère du Covid

En un an, le Covid est devenu l’ennemi à la fois des Hommes et celui de l’Art. La Joconde, la Jeune Fille à la perle et Van Gogh sont en dépression. Sur leurs smartphones, ils voient défiler avec appréhension les tweets du gouvernement : « Info-média ! Tous les lieux culturels et musées seront fermés jusqu’à nouvel ordre afin d’éviter la propagation du coronavirus. » L’annonce tombe, les œuvres littéraire, cinématographique, artistique ou musicale sont au chômage, perdent de leur valeur, tombent dans l’oubli. Que se passerait-il si d’anciennes œuvres avaient créées été au temps du Covid ?

Le Cri de Munch

Au milieu d’un pont, un homme, yeux écarquillés et bouche grande ouverte affiche une expression d’effroi sur le visage. Peut-être avait-il vu venir le monstre du Covid ? Désormais, son cri est étouffé par le masque, plus aucun trait son sur visage n’est apparent. La colère, la tristesse ou la peur n’existe plus dans ce monde de zombies. Cet homme sur son pont n’existe plus, il s’efface dans la foule, fantôme errant n’ayant plus d’individualité, ni personnalité, ni sentiment. Cette œuvre d’une symbolique nouvelle illustre le choc face à la peur existentielle de la  maladie, du virus ou de la mort. Est-ce le Cri de la distanciation sociale ? De l’effondrement de la société ? Des peurs collectives ? Les mains posées sur le visage mettent-elles en évidence l’anxiété et la démesure du lavage des mains, du fait de ne pas se toucher le visage et de l’obligation de porter un masque de protection ? Ecarté de tous, comme respectant les mesures de distanciation sociale, s’éloignant de la respiration humaine, l’individu s’isole des autres, de la société, de la vie en général. Peut-être sur son pont, essaye-t-il de fuir ce monde dangereux et plein de contraintes. Il crie comme nous, Humains, pourrions crier ensemble, pour se sentir moins seuls et dénoncer la souffrance d’une planète mise sous pression et dans l’attente d’un futur meilleur. S’il ouvre la bouche, va-t-il tousser ? Si oui, la défiance pathologique des uns-des-autres causée par l’angoisse moderne face à un virus mortel qui efface petit à petit la magie de la vie. Bloqué dans un monde de peur, le Cri est un appel à l’aide, Cri de dénonciation et de désespoir. Cette œuvre emblématique, désormais utilisée par les nouvelles générations à travers les réseaux sociaux sert de protestation, de sensibilisation et de remise en question de l’anxiété causée par la menace de la pandémie mondiale. Munch a souvent représenté le désespoir et la peur provoqués par des maladies mortelles que la médecine de l’époque ne comprenait pas bien encore comme la tuberculose, la syphilis et la grippe. Son œuvre dure dans le temps puisque le coronavirus semble parfois rester un mystère sans fin.

L’art permet ainsi à l’humanité d’exprimer la beauté de l’imagination et des choses, mais aussi l’enfer parfois vécu sur Terre. Comme un refuge, il reflète les pensées humaines et délivre les peines. Sans l’art, la vie serait fade, sans couleur ni rêverie. Alors, afin de ne plus vivre dans l’aveuglement et délier les esprits, faisons tomber le masque du Covid sur la nécessité de faire vivre l’art.

Mathilde Haÿ

Avortement, le combat continu

Aujourd’hui, nous célébrons les 45 ans de cette grande conquête sociale venue compléter l’accès à la contraception, permettant ainsi aux femmes d’avoir recours aux moyens légaux pour maîtriser leur fécondité, condition indispensable de leur autonomie. Le droit des femmes à vivre leur sexualité sans procréer, à être enceinte ou pas, à poursuivre ou non une grossesse, à avoir un enfant, est la condition première de leur égalité avec les hommes.

Le 2 décembre 2020, le troisième Président de la Ve République Valéry Giscard d’Estaing s’éteignait après une vie entière consacrée au service des Français. Dès son arrivée au pouvoir le 27 mai 1974, un de ses objectifs se porte sur la dépénalisation de l’avortement. Il règne un contexte de tensions entre les opposants à ce projet de loi, dont notamment l’extrême droite, l’Église mais aussi certains médecins, et les partisans d’une conquête de liberté pour les femmes. Le 26 novembre 1974, au Parlement, Simone Veil, alors ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, défend devant une assemblée composée à 98% d’hommes, la loi dépénalisant le recours à l’irruption volontaire de grossesse (IVG). Elle soutient qu’« aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. […] C’est toujours un drame [et] doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ». La loi Veil est promulguée le 17 janvier 1975, faisant de Simone Veil la figure immortelle des droits des femmes.

L’auteure française Valentine Goby publie en 2008 son révoltant roman Qui touche à mon corps je le tue. Les chemins de vie de trois personnages s’entremêlent autour d’un même point commun : l’avortement pendant la seconde guerre mondiale. A une époque où les femmes ne sont que reproductrices de futurs soldats, Lucie L. avorte de son enfant, Marie G. fait avorter illégalement des femmes et le bourreau Henri D. fait tomber la lame lourde de la guillotine sur le cou des avorteuses. A travers l’enfance, la vie adulte et le destin de ses trois personnages, la société de l’époque se dessine. La brutalité de ce roman témoigne de l’engagement de l’auteure à ce problème sociétal et fait prendre conscience d’une cause n’ayant, à l’heure actuelle, pas encore de solution partout dans le monde.

 

Rencontre avec Valentine Goby, auteure de Qui touche à mon corps je le tue.

Pourquoi avoir choisi d’écrire sur la question de l’avortement ?

La question du corps féminin […] m’interroge beaucoup. […] Au fond c’est peut-être ça la vraie question du livre Qui touche à mon corps je le tue : à qui appartient le corps en général et en particulier celui des femmes ? Est-ce que c’est la société qui doit décider ? Est-ce que c’est la religion ? Est-ce que c’est l’État et la justice ? Ou est-ce que c’est l’individu ? Il semblerait bien que l’individu soit sacrifié à tous les autres.

Je raconte l’histoire [L’Echappée] de ce personnage de fiction qui vit dans sa chair ce que beaucoup de femmes ont vécu. Et à cette occasion-là, je lisais beaucoup les journaux de l’époque et je suis tombée sur un journal de 1943 avec un entrefilet, du type un peu fait divers, qui disait que le 31 juillet 43, Marie-Louise Giraud, avorteuse, avait été décapitée à la prison de la Petite Roquette. […] Dans le cas de Qui touche à mon corps je le tue, ce n’est pas un châtiment populaire mais ça reste un châtiment collectif puisqu’il s’agit de la Justice, de l’Etat et de la Loi. Et tombant sur cet article, j’avais été très frappée par ce face à face entre la peine de mort et l’avortement. Ça m’avait semblé d’une violence totale. Il y avait vraiment un sentiment d’urgence pour moi d’écrire et d’investir ces personnages. J’ai ainsi créé le personnage de Lucie (en plus du bourreau et de Marie G déjà existant) qui pourrait être n’importe quelle jeune femme de l’époque mais qui me donne la liberté, à moi aussi, d’explorer mes propres raisonnements, mes propres sentiments, mes propres sensations.

 

Pourquoi avoir choisi une manière d’écrire si fiévreuse et crue, à la limite du supportable, comme sans espoir, mettant parfois mal à l’aise, faisant ressentir un grand moment de solitude ?

Pour toutes ces raisons [rires] : pour déranger, pour que ce soit à la limite du supportable. En fait, moi je crois que la littérature doit devenir une expérience. […] J’aime emmener des lecteurs dans des univers et dans des moments de vie qui leur seront inaccessibles autrement. […] C’est une expérience du corps qui est au centre, alors je dois écrire depuis le corps. Le but ce n’est pas de faire joli, c’est de faire réfléchir à ce que c’est qu’un avortement clandestin et pour cela il faut raccrocher de l’expérience. Il ne s’agit pas d’horrifier outre mesure, ni de tirer des larmes. Il s’agit juste de rapporter des faits : ce que c’est qu’un avortement avant la loi Veil. Et si ça fait mal, ma foi tant mieux : oui c’est vrai que ça fait mal. C’est parce que ça fait mal que c’est terrible et c’est parce que l’on peut avoir des hauts le cœur et une terreur de cette expérience qu’on peut faire quelque chose après. […] De toute façon, dès le début le titre donne la couleur. Je n’écris pas pour le confort, je ne suis pas sur le divertissement.

 

Il y a une omniprésence du corps tout au long du livre et pour chacun des personnages. Que représente pour vous le corps ?

[…] Le corps ça peut être un emprisonnement complet, un emmurement, d’abord parce qu’on ne le choisit pas au départ. Mais la question est particulièrement violente et quand il s’agit des femmes, puisque les femmes subissent dans leur corps des phénomènes qui sont à la fois incroyables et dont elles sont tout à fait impuissantes même si elles ne profitent pas de l’aspect positif de la chose. […] Le corps féminin est vraiment traversé par cette double question de l’assujettissement et la libération. Après, il y a ce qu’on fait de son corps et aussi la façon dont la société évidement accentue ou non la sensation qu’on a de l’emprisonnement, soit au contraire de la liberté.

 

Pour vous, le thème est toujours important, d’actualité ?

Bien-sûr. […] Je suis un peu étonnée parce que je suis de la génération des femmes qui ont tenu le droit à l’avortement. J’ai hérité de leur volonté de combattre une société patriarcale. […] Je vais beaucoup dans les classes parler de ces sujets parce que je suis invitée grâce aux livres notamment et je constate qu’y a un petit retour de conservatisme assez [elle réfléchit quelque instant] inquiétant. […] Il y a une méfiance générale envers les outils qui nous semblaient libérateurs et extraordinaires par exemple la pilule. […]  Je vois beaucoup de jeunes filles qui ne veulent par exemple pas prendre la pilule et qui s’exposent quand même à des risques extrêmement élevés de grossesse. L’avortement n’est pas une contraception. Comme je travaille beaucoup avec les lycées et les assistances sociales, je me rends compte que le taux d’avortement est quand même très élevé. L’avortement c’est toujours pénible. […] Bon après, peut-être qu’il faudrait aussi un peu plus mettre en responsabilité les hommes, comme ça tout ne reposerait pas sur les jeunes filles et les femmes. Je pense qu’il y a trente ans, on n’aurait jamais évoqué la question, même sur la place publique. Donc ça c’est formidable et vraiment intéressant mais comme quoi il faut continuer à se battre, pour que ces libertés ne disparaissent pas.

 

Les réseaux sociaux nous semblent, pourtant, à nous, nouvelle génération, un moyen d’expression et de partage d’informations, de débats sur des sujets polémiques tels que l’avortement. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Moi, je n’ai rien contre les réseaux sociaux mais ceux qui partagent ce genre d’informations, vous y allez parce que vous êtes déjà mobilisés, ça vous questionne déjà. Par contre, tout ceux qui sont dans la méfiance, la réticence ou simplement qui n’ont pas cette ouverture là parce que chez eux il n’y a peut-être moins de discussions sur ce sujet ou que les parents ont des idées un peu plus arrêtées. Ils n’ont pas forcément accès à cette autre parole. A part à l’école, ça j’y crois beaucoup, le milieu scolaire, où est-ce que vous allez trouver de la contradiction ? Voilà, c’est pour ça que je crois que le lycée est un enjeu colossal sur ces questions-là. […] L’information de débat c’est essentiel.

 

A chaque époque son problème ?

En fait, je crois qu’il y avait tous les problèmes et qu’on a commencé par certains. […] On a commencé par libérer le corps. Que les femmes puissent : 1. Avorter, 2. Prendre une contraception, 3. Travailler et ouvrir un compte en banque, 4. Divorcer. Giscard D’Estaing est mort il n’y a pas longtemps, il ne faut pas oublier que sans lui, la loi Veil n’aurait pas existé. […] Aujourd’hui, je suis très ennuyée par la place des femmes dans le monde du travail, y a beaucoup à faire avec les inégalités salariales, la place des femmes dans la hiérarchie, les places de pouvoir. […] Disons que la tâche n’est pas finie. Il vous incombe encore beaucoup à faire. Là, ce qu’il s’est passé avec Metoo, la prise de conscience des violences et du harcèlement en grande majorité contre les femmes : c’est un mouvement inouï, complétement inédit. Donc faut absolument continuer : c’est le début de quelque chose.

 

Au-delà de la démocratie française fidèle aux principes de droit et de liberté, il existe encore de nombreuses inégalités jusqu’à des actes barbares envers les femmes dans certains pays ; le monde d’aujourd’hui fait-il peur, aux femmes, aux jeunes filles qui plus tard devront se battre pour leurs droits mais aussi aux hommes qui vont devoir les soutenir et les défendre ?

Je ne suis pas sûre qu’il fasse plus peur qu’avant, ça devait être encore pire pour ce qui relève des femmes. Si, il fait peut-être plus peur aux hommes maintenant. [Rires] Il y a pleins d’hommes formidables qui réfléchissent à ces questions maintenant et qui sont des alliés indispensables pour que l’égalité existe vraiment. Et il y en a qui doivent un peu trembler sur leurs pattes parce qu’évidemment les femmes ne se laissent pas faire : on ne peut plus mettre de mains aux fesses impunément à n’importe qui. [Rires]

 

Mathilde Haÿ T4

Poème de rentrée

Poème de rentrée

 

Sous des airs de vacances, les lycéens reprennent le chemin de l’école.

La mélodie des mouettes et le soleil brûlant deviennent des compagnons de route.

La sonnerie retentit, les pas bruyants des baskets brisent le silence des couloirs.

L’air comprimé depuis ces deux mois de vacances respire enfin.

Le lycée reprend vie.

Dans le grand hall, les voix des professeurs se mêlent aux retrouvailles, aux rires des groupes, aux souvenirs d’été et aux belles fournitures.

Une vague de nouveauté s’est glissée en classe.

Sortez vos affaires, trousses à imprimés, stylos multicolores et cahiers tout blanc.

C’est une nouvelle année qui commence.

Le bruit court : c’est la rentrée.

 

 

Mathilde Haÿ

Hallo !

Certains élèves de la classe AbiBac (section binationale franco-allemande) du lycée Calmette participent à l’échange Brigitte Sauzay. Ce programme créé en 1989, offre la possibilité de passer 2 semaines à 2 mois en Allemagne ou en Autriche chez un/une correspondant(e). Les élèves français vont à l’école allemande et inversement. Cette expérience à l’étranger permet, de connaître une nouvelle culture, un enrichissement personnel, d’améliorer son niveau en langue et d’approfondir des connaissances intellectuelles et sociales.

C’est pourquoi, dans cette rubrique « Voyage », certains récits et journaux de bord vont être tenus pour vous faire partager nos expériences et faire découvrir ces pays.

27.04.2019
Je pars à Hanovre, en Allemagne, pour vivre deux mois chez une correspondante.
Pendant la semaine, Nilufar et moi allons à la Bismarckschule. Elle a cours de lundi jusqu’à vendredi, mercredi compris. Pourtant, j’ai pu remarquer de grandes différences avec les écoles françaises en général.
En Allemagne, le système scolaire est différent du nôtre.
À partir de 6 ans, du CP (1. Klasse) au CM1 (4. Klasse), les enfants vont à la Grundschule qui correspondrait à l’école primaire. Après ces quatre ans, ils sont répartis dans les différents types d’établissements secondaires en fonctions de leurs capacités : Hauptschule, Realschule et Gymnasium.
• La Hauptschule dure 5 ans et prépare les élèves à l’apprentissage. À la fin de leur scolarité, ils obtiennent un certificat qui leur permet de continuer leurs études ou de commencer à travailler.
• La Realschule dure 6 ans. Après l’obtention de l’examen de fin d’études (Mittlere Reife), les élèves peuvent faire un apprentissage d’un métier ou aller au lycée pour obtenir un diplôme qui leur permet d’accéder aux écoles supérieures. Cette école permet aux élèves de se professionnaliser dès un certain âge.
• Le Gymnasium dure 8/9 ans et prépare les étudiants aux études supérieures et se termine avec l’Abitur (= baccalauréat).
Depuis peu, un nouveau type d’école s’est développé : la Gesamtschule, qui réunit les trois filières scolaires pour éviter une orientation trop précoce.
L’établissement de Nilufar est très grand. Il est séparé en deux bâtiments : un ancien et un moderne. Il y a, comme dans notre lycée, une cantine, une cafétéria et une bibliothèque.
Les cours durent 45 minutes. Il y a la plupart du temps des Doppelstunde (heures doubles) qui durent donc 1h30. Entre chaque Doppelstunde, les élèves ont une pause de 20 minutes. La cour de récréation est grande. Il y a un terrain de basket, de foot, de handball et une aire de jeux pour les plus petits. Lors des pauses, les élèves peuvent aussi aller dans une salle de repos où sont installés des canapés, un baby foot, une table de billard et de nombreux jeux sont mis à disposition.
En classe, j’ai pu observer que les élèves sont très calmes et écoutent. Même si les professeurs sont sympathiques, ils restent quand même très stricts avec les élèves. Le déroulement des cours est à peu-près le même avec chaque professeur : les élèves résument ce qu’ils ont appris du cours précédent, le professeur leur demande ensuite de faire une série d’exercices qu’ils corrigeront plus tard. Une autre différence avec la France est que chaque professeur enseigne deux matières : le professeur de politique est, par exemple, aussi professeur de sport. Il existe aussi des cours de religion. En fonction de sa religion, chaque élève va dans un cours différent. Ce ne sont pas des cours ou les élèves doivent apprendre tous les détails de leur religion mais parleront plutôt de philosophie pour avoir des leçons de vie. En y allant, j’ai trouvé ce cours vraiment intéressant.
Les élèves sont, comme en France, aussi très intéressés par leurs notes. Le système d’évaluation est différent : les notes vont de 1 (meilleur résultat) à 6. Je ne serai pas en mesure de comparer le système d’apprentissage des élèves allemands et français, car je pense qu’il y a des différences dans chaque école. Par ailleurs, leur emploi du temps leur permet de finir les cours à 13h20 tous les jours ce qui est beaucoup mieux pour réviser ou avoir du temps libre.
D’un point de vue matériel, j’ai trouvé amusant que les tableaux nécessitent tous des craies. J’ai aussi été séduite par le fait que les Allemands se sentent très concernés par la protection de l’environnement. Les autres pays devraient suivre leur exemple à l’image des nombreuses  poubelles de recyclage pour papier, plastiques et bouchons de bouteilles mises à disposition dans l’enceinte du Gymnasium.
Enfin, pour enrichir les connaissances d’autres nationalités et cultures au sein du Gymnasium et entre les élèves, de nombreux correspondants étrangers viennent chaque année faire des échanges avec d’autres jeunes de l’établissement.
En tant que correspondante étrangère, le lycée me plaît et j’y apprends beaucoup de choses.

Si vous avez n’importe quelle question sur l’école en Allemagne, n’hésite pas à envoyer un mail au journal 🙂

Bis bald ! Au revoir !

Mathilde Haÿ

Rencontre avec Akli Tadjer

Lors d’une rencontre très enrichissante, les élèves de 1L ont questionné, échangé et partagé leurs visions de notre société avec l’écrivain Akli Tadjer.

crédits photo Frédéric

Nice le 25 Avril 2019 Lecture pour tous reçoit Akli Tadjer au Lycée Calmette

Santos

« This is America » un clip symbolique

Le nouveau titre « This is America » du rappeur américain Childish Gambino illustre les violences faites aux Noirs américains aux États-Unis.

Pour une meilleure compréhension du clip vidéo, écoutez la musique une fois, puis regardez le clip avec le son, enfin, ne vous concentrez que sur l’arrière-plan. Vous pourrez identifier grâce à la mélodie et aux images, les multiples symboles et représentations que le chanteur a illustré. L’interprétation sera différente pour chaque individu.

Voici le lien de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=VYOjWnS4cMY

Retirez vos écouteurs et laissez-moi vous donner mon avis sur ce clip. Peut-être est-il différent du vôtre ? S’il l’est, n’hésitez pas à envoyer au journal des choses que vous auriez vues et interprétées d’une manière différente.

Sur un air soul funk, le rappeur, barbe et cheveux négligés, chaîne au cou, torse nu, danse au milieu d’un hangar. Ces caractéristiques physiques lui enlèvent une part d’humanité et interpellent les spectateurs sur l’anormalité du personnage. Serait-il fou ? De plus, il grimace et a une position particulière qui peut laisser penser aux ménestrels* dans l’air de Jim Crow.

L’innocence de la première scène est illustrée par la couleur principale : le blanc, symbole de paix et le musicien jouant un air doux à la guitare, accompagnant les chants africains semblables aux « worksong ». Lors de l’exécution des tâches inhumaines à faire dans les champs, les esclaves noirs chantaient leur chagrin et leur douleur à travers la musique. Le bruit de pioches peut en être le lien dans le clip.

Sans que le spectateur ne s’y attende, le rappeur tire un coup de feu dans la tête du musicien soudain recouverte. Cet assassinat reflète les meurtres sans raison des Noirs par la police américaine aux Etats-Unis : l’innocent injustement tué. Une autre interprétation est celle qui se passe souvent dans les gangs de rues : les plus connus sont les « Cribs » et les « Bloods » qui, depuis leur fondation en 1972 à Los Angeles, sont en combat incessant. Lorsqu’un homme noir tue un autre homme noir cela correspond au « Black on Black crimes ». Le pistolet est ensuite soigneusement récupéré dans un petit tissu rouge malgré le crime commis. Serait-ce un clin d’œil à toutes les exécutions des Noirs américains dont la police et l’État ne parlent pas et de l’autorisation des armes dans le pays ?

On voit le rappeur accompagné d’une troupe de jeunes étudiants qui dansent avec lui une chorégraphie mixant des pas d’une danse africaine le « GwaraGwara » et de « shoot dance » (populaire sur le net). On pourrait s’attendre à voir Childish Gambino tirer sur le groupe ; pourtant, il ne le fait pas. Une image indirecte de la représentation des Etats-Unis est ainsi donnée : le chanteur correspond à l’Amérique épargnant les haut-placés dans la société qui sont incarnés par les jeunes.

La scène dans laquelle des jeunes sont munis de leurs smartphones pour filmer ce qu’ils voient montre que les téléphones sont des outils de preuves de toutes les violences grâce auxquels un individu peut à la fois immortaliser une scène mais les utiliser aussi comme une barrière face à la réalité : le regard direct sur les choses est limité. On peut se faire sa propre idée sans avoir le choc brutal de la proximité avec l’action.

De plus, l’apparition d’un cheval blanc monté d’une personne vêtue de noir symbolise la mort qui est omniprésente en Amérique.

A deux minutes quarante-huit, est-ce que les 17 secondes de silence sont supposées être laissées en mémoire des 17 victimes en Floride ? La position de tir du rappeur peut laisser le doute. Effectivement, le mercredi 14 février 2018, une fusillade dans un lycée de Parkland en Floride a fait dix-sept morts et de nombreux blessés. L’auteur, un jeune homme de 19 ans, ancien élève de l’établissement, était armé d’un fusil d’assaut semi-automatique AR-15.

A la fin du clip, le rappeur danse sur une voiture comme Mickael Jackson dans sa chanson« Black or White ». Sur le capot d’un véhicule est assise la compositrice Noire américaine de R&B SZA. Un clin d’œil à des personnalités afro-méricaines qui ont eu une influence importante dans le monde de la musique.

Tout au long du clip, l’arrière-plan permet de visualiser des scènes d’agressions, des courses poursuites entre des policiers et des personnes Noires et la présence de tous types d’armes sont présentes. Childisch Gambino dénonce la violence envers les Noirs par les Blancs mais aussi par les Noirs et l’autorisation de la possession d’armes aux États-Unis.

Une ambiance s’installe lors des deux types de mélodies : joyeuse grâce aux chants africains qui incitent à la fête et celle, angoissante et agressive, pendant le rap. Les paroles ont aussi leur importance: « You just a Black man in this world. (T’es juste un Noir dans ce monde) You just a barcode. (T’es juste un code-barres)». La société américaine fait sentir les Noirs comme des objets, des codes-barres. « This is America. Don’t catch you slippin’ up. Look what I’m whippin’ up. (Ici, c’est l’Amérique. Ne te fais pas avoir par surprise. Regarde ce que je suscite) » signifie que les Noirs américains sont toujours une cible de violence et d’agression.

Ce clip fait passer un message sur la réalité du lobbying des armes, des bavures policières, de l’injustice que vivent les Noirs et l’aveuglement d’une part de la population face aux évènements qui en effet, auraient pu déjà prendre fin depuis longtemps si toute cette haine envers cette communauté avait cessé. Pourtant, nombreux sont les projets, les associations, les manifestations, les boycotts, les personnalités qui ont lutté contre le racisme et les discriminations raciales depuis des siècles.

« This Is America » a remporté deux Grammy Awards pour la meilleure performance rap et la meilleure vidéo musicale.

Childish Gambino a dénoncé un monde injuste et intolérant à sa manière, la musique. Chacun peut se construire sa propre idée et vision du clip : de nombreuses discussions, interrogations et débats se sont déjà ouvert. Peut-être ne donnera-t-il jamais sa propre intention et interprétation.

N’est-ce pas, au final, le but de l’Art ?

Mathilde Hay

* Dans les années 1840, «Daddy» Rice, un dramaturge américain blanc, se peignait le visage en noir (blackface) pour interpréter un ménestrel appelé Jim Crow. Cette performance consistait à faire rire et se moquer des personnes noires à travers les chants, danses, musiques et intermèdes comiques. Le but était de les faire sentir inférieurs et de les isoler de la société. Ces lois ont été promulguées dans les États du Sud des États-Unis après la Guerre de Sécession (1861 -1865).

Lancement de l’ECLAC

Le « club cinéma », ou l’ECLAC (Équipe Cinématographique du Lycée Albert Calmette), vient d’être créé au lycée Calmette. Des prospectus furent distribués aux élèves, retour sur la nature de cette équipe.

La vocation de l’ECLAC est de mettre sur pied des films. Dans cette mesure, l’équipe à l’ambition de réunir entre 20 et 30 personnes, scénaristes, comédiens, figurants, directeurs artistiques, et de fabriquer un film du début à la fin, en passant par :
– Le scénario (écriture de l’histoire)
– Le moodboarding et le stodyboarding (mise en BD du scénario)
– La planification du tournage (lieux, casting, matériel) et les répétitions
– Le tournage (cadrage, direction artistique)
– Le montage (agencement et effets spéciaux si besoin)
– La projection finale.

Dans cette mesure, l’ECLAC cherche des participants. Vous pouvez vous inscrire sur www.tiny.cc/eclac dès maintenant !