Un Matin d’hiver, rencontre avec l’écrivain Philippe Vilain

 

Mardi 17 décembre 2019, nous avons rencontré l’auteur Philippe Vilain, l’auteur du roman Un Matin d’hiver. Il est venu dans le cadre du dispositif Lecture pour tous avec la ville de Nice. Voici ce que nous en avons retenu.

Une vocation sportive contrariée

         Quand il était enfant, l’écrivain Philippe Vilain voulait devenir footballeur mais il n’a pas percé et a connu ainsi sa première déception. Il était très timide mais cette timidité a été une force d’après lui car elle l’a aidé à développer son intériorité. Les timides sont en fait « de grands bavards ».

Philippe Vilain a commencé à écrire vers 17-18 ans. Son premier roman était mal agencé et maladroit mais contenait en germe tous les thèmes qu’il a ensuite développés dans ses futurs romans.

Un thème de prédilection dans ses romans : l’amour

         Il y a deux familles d’écrivains selon lui : ceux qui changent de sujet à chaque livre et ceux qui, comme lui, ont un sujet qui les inspire particulièrement. Pour lui, le sujet sur lequel il est intarissable, c’est l’amour. Dans Un matin d’hiver, il raconte l’histoire émouvante d’une femme qui voit disparaître de sa vie, sans aucune explication, l’homme qu’elle aime.

Il définit l’amour comme protéiforme : il varie en fonction de l’âge. C’est une « intensité entre deux personnes, un envahissement de l’être, et un apprentissage de l’altérité ».

« Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es ».

Que signifie « écrire » pour Philippe Vilain ?

         Il est passionné d’écriture et préfère cette dernière à la lecture. L’écriture peut même être thérapeutique : c’est ce qu’il a ressenti après le deuil de son père.

Quand il écrit, il ne ressent pas d’état particulier. En revanche, il y a plusieurs phases : la phase du « désir d’écriture » qui est très motivante (il y pense tout le temps, il se documente…), et la phase de réécriture, intéressante mais parfois fastidieuse. Il consacre beaucoup de temps à réécrire et se considère même comme un « réécrivain ».

Il accorde beaucoup d’importance à la première phrase d’un livre : il est important de capter l’attention du lecteur. Pour lui, le plus bel incipit, c’est celui de L’Etranger de Camus : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être était-ce hier ? »

Pendant la phase de documentation, Philippe Vilain prend des notes puis rédige un tapuscrit.

Il passe de 3 à 5 heures par jours à écrire. Ecrire n’est pas seulement le fruit d’une fulgurante inspiration ou du génie mais surtout un effort de travail qui demande de l’entrainement, comme pour un sportif.

Il écrit pour faire plaisir au lecteur mais ne recherche pas l’effet à tout prix : « On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments ». Annie Ernaux, à qui il avait envoyé l’un de ses premiers romans, lui a conseillé de « dire les choses ». Il s’efforce depuis de chercher désormais davantage de justesse et de simplicité.

Une confidence est à l’origine de son roman Un matin d’hiver

         Le narrateur se décrit comme le porte-voix de « toutes les femmes amoureuses » dans la préface. Pourtant, Philippe Vilain pense qu’il n’y a pas de différences entre hommes et femmes. Les sentiments ne sont pas une affaire de genre.

A l’origine de son livre, il y a la confidence d’une femme abandonnée par un homme dont on ne sait pas s’il était menteur. Philippe Vilain raconte avoir vécu lui aussi une aventure très romanesque : il vécu 6 mois avec une mythomane. Ce fut d’ailleurs l’objet d’un autre roman : La femme à la voiture rouge.

Il a choisi ce titre car la disparition se déroule « un matin d’hiver », mais aussi parce que dans cette histoire, paradoxalement, l’hiver est la saison de l’amour.

Il préfère le plus souvent écrire à la première personne parce qu’il s’approprie les histoires de cette façon.

Réactions à l’issue de la rencontre

– « Lors de cette rencontre, je retiendrai surtout ce qu’est le travail pour un écrivain car j’ai été surpris quand il a dit qu’il travaillait 5 heures par jour pendant 3 ans. Cela a complètement changé mon regard sur le métier d’écrivain ». (Lucien)

– « Cette rencontre m’a beaucoup surprise. Entrée dans la salle, je m’attendais à trouver une personne âgée, grincheuse, aux propos ennuyeux. Au lieu de cela, j’ai découvert une personne vive, attentive et très énergique. Philippe Vilain est drôle et charismatique; j’absorbais ses paroles captivantes et son parcours m’a impressionnée ». (Ariana)

– « Cette rencontre m’a permis d’en savoir plus sur l’écriture car je ne connaissais pas grand chose à ce sujet et m’a donné envie de peut-être m’y mettre aussi » (Emma)

–  » Ce qui m’a marqué, c’est la joie qu’il avait à expliquer son parcours au fil des années ». (Quentin)

– « Maintenant que je le connais, j’irai tout de suite lire un autre de ses livres car j’aime beaucoup l’écouter parler d’amour. J’ai aimé quand il a dit qu’il vit à Naples et que c’est la plus belle ville du monde car moi aussi je viens de là! » (Sarra)

– Dans son livre, une phrase m’a marquée plus que les autres : « La littérature a toujours été autre chose qu’un métier à mes yeux : une compagne fidèle, un secours nécessaire, une amis que j’appelle au milieu de la nuit, dans mes insomnies, aux heures où le monde rêve ». Cette phrase me correspond car il m’est arrivé aussi de faire des insomnies et que la littérature soit une amie au milieu de la nuit. » (C.)

– « J’ai appris que parfois, en échouant, on trouve une autre voie qui nous plait, qu’il n’y a pas d’âge pour commencer à écrire et qu’il faut être patient. »

– « Ce qui m’a plu, ça a été de ressentir la passion qu’il éprouvait pour son travail mais également sa sincérité. Il a su répondre à nos questions en toute honnêté ». (Romane)

– « Lire un livre qui parle des mêmes malheurs que ceux que l’on traverse nous rend moins tristes car on se dit que l’on n’est pas seul à vivre cela ». (Melvyn)

– « Le moment que je retiendrai est notre courte discussion une fois mes camarades sortis. J’ai apprécié les conseils et encouragements de Philippe Vilain » (Dounia)

– « J’ai toujours apprécié la lecture et l’écriture mais je ne me suis jamais lancée. Grâce aux conseils de Philippe Vilain, j’ai envie d’essayer ». (Zoé)

Compte-rendu collectif des classes de 3ème4 et 3ème7 en cours de français de Mme Laplace