Depuis le 15 mars, ils sont 10 à dormir toutes les nuits dans le hall du Théâtre National de Nice. Ces intermittents du spectacle et autres étudiants en Arts ont trouvé un accord avec la directrice du lieu, Muriel Mayette-Holtz qui soutient globalement leurs revendications, notamment celles pour protéger les artistes et intermittents et qui appuie la demande de prolongation de l’année blanche et l’allongement de la saison.
Dans le sillage de l’occupation du Théâtre de l’Odéon à Paris, 90 théâtres en France sont maintenant en lutte.
Pour en savoir plus nous sommes allées sur place, à la rencontre de ces « acteurs » privés de scène. Reportage.
Un théâtre fermé
Image symbolique : une barrière devant la flèche indiquant l’entrée du théâtre, ce lieu de culture fermé au public depuis un an.
Les théâtres comme les autres lieux culturels sont considérés comme « non essentiels ».
Représentations annulées
Un public privé de spectacle, mais à l’intérieur des murs les répétitions continuent. Tous se tiennent prêts pour la réouverture des lieux.
La salle Pierre Brasseur peut accueillir jusqu’à 900 personnes, elle est désespérément vide de spectateurs.
Le TNN est occupé
Le mouvement d’occupation des lieux culturels qui a débuté début mars au théâtre de l’Odéon à Paris a été depuis rejoint par plus de 90 théâtres en France, dont le TNN depuis le 15 mars 2021.
Ces occupations sont le reflet des inquiétudes de ce secteur professionnel. L’incapacité d’exercer leur métier est présente à tous les niveaux du machiniste à l’acteur en passant par les ingénieurs et les administratifs.
Un accord a été trouvé avec la direction du TNN : 10 personnes peuvent dormir dans le hall, mais celui est surveillé par un agent de sécurité.
Matelas de fortune, marionnettes géantes et banderoles sont installés dans le hall du TNN.
Le TNN est solidaire et soutient le mouvement et les revendications des acteurs de la culture, intermittents, salariés, artistes, pour une action commune.
Lylou Brunetti est étudiante en 3e année en Arts du spectacle à Carlone, elle explique que les revendications ne concernent pas uniquement la réouverture des lieux de culture, ils luttent également contre la « précarisation des précaires ».
Outre la demande de perspectives claires pour la réouverture des lieux culturels, les intermittents demandent le retrait de la réforme de l’assurance chômage, la prolongation de l’année blanche au-delà du 31 août 2021 et son élargissement à tous les travailleurs précaires.
Jean-Louis Ruf est musicien professionnel, il est aussi membre du SFA-CGT (Syndicat français des artistes interprètes). Il demande la prolongation de la saison à venir en raison de « l’embouteillage » possible lors de la réouverture : comment permettre à toutes les représentations annulées d’être jouées ? Et quelle place donner aux nouveaux spectacles créés depuis un an ?
La ministre de la culture, Roselyne Bachelot a jugé « inutiles » et « dangereuses » ces occupations. Ce « n’est pas le bon moyen » a-t-elle ajouté.
Devant le TNN, tous les jours à 14h se tient une « Agora », un moment d’échange ouvert à tous, l’écrivain Bernard Friot, par exemple est dernièrement venu s’y exprimer.
Ce jeudi 25 mars l’agora sera animée par des étudiants en théâtre et en arts du spectacle, inquiets pour leur avenir.
Les intermittents du spectacle sont soutenus dans leur lutte par d’autre « précaires » comme les « Gilets jaunes ».
Ces pancartes, au logo du TNN sont entreposées dans le hall de l’entrée des artistes : le message est clair.