Datant de 2016, « Dans Un Recoin De Ce Monde » est un film d’animation des studios MAPPA dirigé par Sunao Katabuchi et basé sur l’œuvre du même nom écrite par Fumiyo Kōno. Il s’agit de l’histoire de Suzu, une jeune fille originaire d’Hiroshima. Mariée dans son adolescence, elle emménage chez sa belle famille à Kure, un grand port militaire. Innocente et optimiste, Suzu s’adapte à sa nouvelle vie en compagnie de son mari Shūsaku et de sa belle sœur Keiko dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale.
Sorti au Japon en 2016 et 2017 en Europe et aux États-Unis, le film fut favorablement accueilli par les critiques et spectateurs ; sur la page dédiée au film du site Rotten Tomatoes, on lit notamment « In This Corner of the World offers a unique ground-level perspective on an oft-dramatized period in history, further distinguished by beautiful hand-drawn animation. » (« Dans Un Recoin de Ce Monde offre un point de vue pied à terre unique sur une période souvent dramatisé de l’Histoire, se démarquant par une de magnifiques animations dessinées à la main. » [On remarquera ici que le titre anglais ce traduirait littéralement par « Dans Ce Coin Du Monde ».]). En 2018, il est nominé aux Anime Awards de la plateforme états-unienne de streaming d’animation japonaise Crunchyroll dans la catégories Meilleur Film aux cotés d’A Silent Voice. (Ils perdront tout deux façe à Your Name.)
Cette article, étant une critique, reflète mon jugement personel sur cette œuvre. Il est donc inévitable qu’il soit biaisé. Malgré tout, j’espère mettre en lumière cette œuvre et intéresser mes lecteurs en ce film.
Je pense qu’un des points forts du film est le point de vue à travers lequel il montre la guerre au spectateur – le point de vue de civils. On voit notamment comment Suzu tente de s’adapter au rationnement de la nourriture ; elle tente de faire gonfler le riz, utilise des herbes sauvages, s’extorque à protéger des fourmis le peu de sucre qu’ils possèdent… ; De ce fait, bien que le poids des conflits se fasse ressentir de par les bombardements et l’omniprésence de l’armée, le film montre aussi les petites joies et étrangetés de la vie de tout les jours, donnant au film une dimension absente de la plupart des films de guerre.
Là est d’ailleurs ce que considérere comme la plus grande qualité de l’œuvre : son atmosphère. C’est un film qui donne au contexte un caractère intime et personel qui permet au spectateur de s’identifier à la situation, mais aussi une dimension surréelle à travers l’esprit curieux et enfantin de Suzuqui imagine la beauté dans son quotidien : elle donne aux vagues l’apparence de lapins blancs courants sur la mer… Cette imagerie fantastique contraste avec la dure réalité qui l’entoure et montre que notre protagoniste cherche à maintenir la joie dans sa petite vie malgré les tragédies qui s’abbatent sur et autour d’elle – d’où le titre, Dans Un Recoin De Ce Monde.
Cependant, et c’est là une autre raison pour laquelle j’aime cette œuvre, sa petite existence est évidemment troublée par le reste du monde, et le film en tire un ton doux-amer ; chaque petit bonheur apporte son lot de peine, et la vie continue ainsi, alors que les conflits vont en s’escaladant au fil des mois et des années. Même lorsque la guerre et avec elle le film se terminent, il est difficile de parler de fin heureuse ou horrible ; elle reste simplement ambiguë, réaliste.
Le film, du fait de son point de vue, a un rythme assez lent, ce qui peut parfois en entacher le visionnage. Certains sont mis de côté et les doublages français et anglais laissent a désirer. Mais malgré ses imperfections, j’aime tendrement ce film du fait de son caractère intime, de la douceur et de la dureté de son histoire, du traitement des personnages et de la beauté de son animation. S’il n’est pas mon film préféré, c’en est un qui, je pense, vaut le détour et permet de mieux comprendre la vie des civils à l’époque.