Qu’ est-ce que l’ effet Julien Lepers ?
L’ effet Julien Lepers, aussi appelé erreur fondamentale d’ attribution (EFA) est un biais (= erreur) social, où l’on interprète mal le comportement d’un individu. Dans le cas de l’ EFA, on va sous-estimer les causes externes à la situation et surestimer les causes externes à la personne. Exemple :
Une personne A bouscule une personne B dans la rue. Vous en déduisez que la personne A est violente. Or une voiture menaçait la personne B, vous avez mal interprété l’ action de la personne A, vous avez commis une erreur fondamentale d’attribution.
Pourquoi effet « Julien Lepers » ?
L’ EFA est appelé par les scientifiques français l’ effet Julien Lepers, car il en est l’ un des meilleurs exemples. En situation de questionneur/questionné, les spectateurs ainsi que les acteurs (questionneur / questionné) vont surestimer la culture générale du questionneur et sous-estimer celle du questionné. Julien Lepers n’ a pas forcément une grande culture générale, mais le fait qu’ il connaisse toutes les réponses, et donc qu’ il ne se trompe jamais nous induit en erreur, c’ est une erreur fondamentale d’ attribution. Les petites notes ajoutées par M. Lepers, à la fin d’ une réponse amplifient l’ effet : comme si c’ était Julien qui ajoutait ces informations tirées tout droit de sa culture générale.
L’ expérience de Lee Ross (1977)
Lee Ross et ses collègues sont les premiers scientifiques recensés à avoir découvert l’ erreur fondamentale d’ attribution
Ils ont demandé à deux volontaires de tirer au hasard leur rôle entre questionneur et questionné.
On demande au questionneur de rédiger un petit quiz de 10 questions de cultures générales en 15 minutes, qui sont, à ses yeux, de difficulté moyenne, accessible à tout le monde. Pendant ce temps, le questionné attend.
Le questionneur pose ensuite son quiz au questionné devant une assemblée de quelques étudiants.
Une fois le quiz terminé, on demande au questionneur, au questionné et à chaque personne de l’ assemblée d’ évaluer le niveau de culture générale sur 100 du questionneur et du questionné.
Toutes les personnes de l’ assemblée mettent en moyenne 15 point de moins au questionné par rapport au questionneur, le questionneur 20 et le questionné 25 ! Le questionné se sous estime donc plus que les personnes visionnant l’ expérience.
Lee Ross et ses collègues scientifiques ont donc déduit qu’en situation où le questionneur ne peut se tromper et que le questionneur ne connait pas les réponses, notre cerveau nous force à penser que la personne commettant des erreurs manque de culture générale, nous oublions que le questionneur est dans une position avantageuse.
Mais concrètement ?
Ce biais est très utilisé en politique, pour ridiculiser son adversaire, le faire passer pour un idiot. Un cas d’erreur ultime d’attribution est resté célèbre, lorsque Jean-Jacques Bourdin a demandé sur « Bourdin RMC » en 2007 à Ségolène Royal le nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’ engins que la France possédait. La candidate s’est trompée, donnant comme réponse 1, la rendant ignorante au yeux des spectateurs et de ses adversaires politiques en oubliant qu’ elle était dans une situation de stress, et que sa non connaissance du bon chiffre ne faisait pas d’elle une idiote. De plus Jean-Jacques Bourdin, s’est lui aussi trompé, la France possédait en 2007 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, contrairement au 7 annoncés par Bourdin.
