L’Afrique du Sud, une démocratisation réussie ?
Depuis 1949, le régime d’apartheid en Afrique du Sud avait établi une stricte séparation géographique et sociale des groupes ethniques. Les blancs possédaient l’essentiel du pouvoir politique et les grandes ressources économiques (or, diamant..).
Depuis les années 1960, un mouvement de contestation s’est développé parmi la population noire qui réclamait la fin de la ségrégation et l’accès au pouvoir et aux richesses. Cette contestation a été durement réprimée par le pouvoir blanc et à culminer avec les massacres de Soweto en 1976 qui ont fait des milliers de victimes désarmées et ont ému le monde entier. C’est alors que la communauté internationale dans sa quasi totalité a souhaité la fin de ce régime raciste et a imposé de lourdes sanctions économiques à l’Afrique du Sud tandis que la contestation noire ne cessait de croître malgré une répression impitoyable. La situation était bloquée et la guerre civile semblait inéluctable.
C’est alors que deux personnalités sont entrées en scène : Nelson Mandela, leader de la lutte armée des années 1960 qui passa 27 ans en prison, il fut libéré le 11 février 1990¹ . Il jouissait d’un grand charisme dans la communauté noire. Frederik de Klerk ancien président, issu de la communauté afrikaner la plus favorable à l’apartheid.
Contre toute attente ces deux hommes, que tout opposait, ont trouvé une issue pacifique à la crise. Chacun s’est chargé de convaincre son camp d’accepter un compromis qui prévoyait la fin de la ségrégation, des élections au suffrage universel tout en garantissant aux blancs la sécurité et le maintien de leurs biens.
Nelson Mandela, de sa prison sur l’île de Robben Island au sud du Cap, avait observé la tragique dégradation économique et sociale des pays africains après l’exode de la population blanche qui gérait l’économie du pays avant la décolonisation. De son coté, de Klerk avait pris conscience que le monde avait changé et qu’un régime discriminatoire ne pourrait pas survire longtemps sous l’opprobre international.
Ainsi une transition démocratique pacifique a été opérée à l’étonnement du monde entier.
Le référendum du 17 mars 1992 marque la fin de l’apartheid. Mandela est devenu le premier président de la nouvelle Afrique du Sud dite arc-en-ciel en 1994. Les plaies de la communauté noire étaient encore vives et un important travail de mémoire et de réconciliation a été entrepris pour apaiser les esprits des deux camps. Ainsi le talentueux chanteur blanc Johnny Clegg à la tête de son groupe multiethnique a brillamment symbolisé le nouveau visage de l’Afrique du Sud. Nelson Mandela mit le rugby au service de la réconciliation nationale lors de la coupe du monde 1995.
Une trentaine d’années après le compromis tient toujours même si les noirs et les métis ont acquis du pouvoir politique et économique. Toutefois, de grandes inégalités de revenus persistent entre les communautés et le pays doit faire face à une criminalité très élevée, aggravée par l’arrivée massive de migrants africains attirés par la relative prospérité de l’Afrique du Sud.
¹ En 1990, la population sud africaine s’élevait à 36 millions d’individus répartis entre les blancs (anglophones et néerlandophones) à 12 %, les métisses à 12 % et les noirs à 76 %.
Auteurs : Elena Toubiana et Félix Vespérini
Sources :
courrier international,
journal spécial Mandela par le Point
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