INTERVIEW : Alcool, tabac, cannabis… « Ils en consomment de plus en plus tôt »
Ils y viennent de plus en plus jeunes, et de plus en plus nombreux. C’est le constat inquiétant dressé par Mme Frambery.
Aujourd’hui, nous sommes allés à la rencontre de cette psychologue d’un établissement niçois afin qu’elle puisse témoigner sur l’évolution de l’addiction des jeunes. Chaque semaine, elle reçoit collégiens et lycéens qui viennent se confier à elle.
Depuis que vous exercez cette profession, avez-vous constaté une évolution chez les jeunes ?
En effet, j’ai constaté une augmentation de la consommation de drogues de plus en plus tôt depuis environ une décennie. D’après mes observations, les addictions au cannabis et à l’alcool pendant les fêtes sont de plus en plus fréquentes.
Quelle est l’addiction qui vous inquiète le plus ?
Toutes les formes d’addiction m’inquiètent, car elles entraînent une dépendance, qui affecte le cerveau et notre relation avec nous-même et le monde.
Pour quelles raisons pensez-vous que les jeunes commencent à fumer ?
C’est un cercle vicieux : l’individu, dans son malaise personnel, pense qu’en consommant une substance, il se sentira mieux. Lorsqu’il en consomme, il sécrète de la dopamine, ce qui crée une sensation de plaisir. Cependant, le cerveau enregistre ce mécanisme et le réclame de plus en plus. Le cercle vicieux est donc établi : le besoin augmente, le plaisir diminue, et il faut en reprendre pour retrouver cette sensation. Chaque individu a son propre malaise et mystère qui ne peut être expliqué ni généralisé.
Que pensez-vous de la dépénalisation du cannabis en France ?
Je pense que la dépénalisation pourrait réduire le désir de transgression chez les adolescents, puisque cela serait autorisé. Cela pourrait également réduire le trafic de substances illicites. En fin de compte, cela ne devrait pas augmenter la consommation, comme cela a été observé dans d’autres pays où la légalisation est déjà en vigueur.
Comment pouvez-vous venir en aide aux élèves qui ont déjà développé une addiction ?
Le traitement de l’addiction est un processus chronophage qui peut être abordé de différentes manières. Il est essentiel de travailler sur le syndrome de manque, car l’addiction active un mécanisme dans le cerveau qui crée cette sensation. La dopamine est secrétée et demandée par le cerveau, créant ainsi un cercle vicieux. Des substituts peuvent aider à la prise en charge des addictions, mais une psychothérapie est également nécessaire, ce qui peut être un processus long.
Propos recueillis par L.B. K.F. et R.P.
Crédit photo : K.F.