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Amnesty International garante des droits de l’Homme ?

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Les ONG jouent un rôle important dans le processus de démocratisation et de la promotion des droits de l’homme à travers le monde. Nous allons examiner comment elles sont apparues, comment elles fonctionnent, leur efficacité et les limites à leur action.

La plus ancienne et plus importante ONG de défense des droits de l’homme est Amnesty international. Elle est née dans les années 1960 de l’initiative de l’avocat anglais Peter Benenson.

A cette époque, le Portugal n’était pas encore démocratique et était dirigé depuis des décennies par le dictateur Salazar qui s’appuyait sur une police politique « la Pide » qui avait tout pouvoir. Peter Benenson au cours d’un voyage au Portugal fit la connaissance d’un journaliste d’opposition à la dictature. De retour à Londres, il apprit que ce journaliste avait disparu et que ses proches soupçonnaient un enlèvement par la Pide avec une possibilité d’exécution.
Affecté par cette nouvelle, il décida d’agir et eut l’idée de convaincre de nombreux citoyens britanniques ainsi que la presse et des politiques d’adresser une lettre type au président portugais.
Dans celle-ci, l’auteur signalait la disparition du journaliste et réclamait une enquête gouvernementale en rappelant les conventions internationales sur la liberté d’expression que le Portugal avait signé et en insistant sur la mauvaise image que cette affaire allait donner à son pays qui accueillait de nombreux touristes britanniques.
Cette stratégie s’avéra efficace car le journaliste fut rapidement libéré sans charges retenues contre lui. Il décida alors de renouveler cette action au bénéfice d’autres détenus politiques à travers le monde.
Amnesty international fut ainsi créée, se structura et au cours des décennies suivantes enregistra de nombreux succès. Des sections autonomes validées par la direction d’Amnesty se créèrent partout dans le monde et adoptèrent des prisonniers politiques d’autres pays. Le principe de la lettre type demeura immuable, celle-ci devait être polie, apolitique et précise. En l’absence de résultats, de nouvelles lettres étaient envoyées jusqu’à la libération du détenu ou la tenue d’un procès public auquel des représentants d’Amnesty assistaient pour s’assurer que les droits de la défense étaient respectés.
Les membres d’Amnesty faisaient également pression sur leur propre gouvernement pour qu’il intervienne également et relaie leur action.
De véritables campagnes internationales furent organisées en utilisant les médias pour sensibiliser l’opinion publique au sort d’un détenu politique, cette célébrité le protégeait de mauvais traitements ou d’élimination pure et simple en attendant sa libération ou un procès équitable.

Pourquoi cette stratégie se montra-t-elle si efficace et obtint tant de succès ?

D’abord elle s’attaquait de front aux principales armes des dictatures : le secret et la peur. En effet, les pressions venaient de citoyens de pays étrangers sur lesquels les polices politiques n’avaient pas de prise.
D’autre part, elle jouait sur l’image à l’international dont les dictatures se soucient pour obtenir des aides ou des partenariats économiques et stratégiques. La libération d’un prisonnier s’entourait de publicité et améliorait l’image du régime. Ainsi, l’opposant au régime d’Hassan II au Maroc, Abraham Serfaty fut finalement libéré.

Les rapports d’ Amnesty publiés chaque année devinrent ainsi un baromètre des efforts de démocratisation de certains régimes en même temps qu’une menace pour leur image internationale.

Si l’action d’Amnesty sauva de nombreux prisonniers politiques, elle n’obtint pas non plus que les droits de l’homme soient respectés dans tous les pays qui avaient signé des conventions internationales et la situation 50 ans plus tard est toujours loin d’être parfaite.

Quelles sont les limites de l’action d’Amnesty ?

Tout d’abord, elle fonctionne principalement avec des régimes qui cherchent du soutien des pays occidentaux particulièrement attachés au respect des droits de l’homme. En effet, si les droits de l’homme se veulent universels, ils sont à l’origine un concept issu de la culture occidentale, en particulier de la culture anglo-saxonne. (ce n’est pas un hasard qu’Amnesty fut créé à Londres)

Ainsi la Chine, géant économique mais « nain » démocratique était jusqu’à présent insensible aux campagnes d’Amnesty qu’elle considérait comme de l’ingérence occidentale dans ses affaires. Sa puissance économique la rend incontournable sur la scène internationale.
De nombreux régimes anti-démocratiques (Corée du Nord, Iran…) peuvent se tourner à présent vers la Chine pour obtenir un soutien économique et politique non conditionné au respect des droits de l’homme.
D’autres États, alliés stratégiques incontournables des pays occidentaux comme l’Arabie Saoudite ne se sont jamais souciés jusqu’à présent des rapports d’Amnesty. L’Arabie Saoudite assume que la source de son droit est la Charia musulmane et non la déclaration universelle des droits de l’homme, toutefois sa position est en train de s’assouplir car elle veut améliorer son image en Occident.

 

Sources : revue Hérodote et articles du courrier international 

Félix V. et Margo C. 

Terminale 11