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SAB et sa chaise

Paris a sa Tour Eiffel, Marseille sa Bonne-Mère, et Nice sa Promenade des Anglais et ses emblématiques chaises bleues. Elles ne laissent personne indifférent. Comme l’artiste Sabine Géraudie, alias SAB, qui en a décliné le modèle. Elle est célèbre pour son œuvre de La Chaise Bleue de Nice en 2D, née grâce à une commande assez particulière et qui est exposée, depuis 2014, sur la Promenade des Anglais. Tout aussi talentueuse qu’accueillante, elle a gentiment accepté de m’accorder une interview dans son atelier.

Chiara C. : Qui est Sab ?

SAB : Je suis Sabine Géraudie, plus connue sous le nom de SAB. Je suis artiste, peintre et plasticienne sculpteur. Je suis complètement autodidacte et depuis que j’ai 5 ans j’ai toujours voulu être artiste. J’ai commencé à 23 ans à peindre à l’huile, après je suis allée faire des photos dans la nature et j’ai fait des tableaux d’après mes photos avec un esprit macrophotographique. Ensuite je suis allée dans un atelier collectif où j’ai appris à faire un travail sur des grandes toiles d’un mètre par un mètre. Puis, après avoir peint des végétaux, j’ai peint des galets. Par la suite, je suis allée dans une école d’art mural à Versailles où j’ai fait une petite formation pour apprendre à faire des grisailles et après, j’ai fait de l’art à la demande. L’art à la demande, c’est génial parce que ça répond à une demande donc ça permet de gagner de l’argent pour payer son atelier, son matériel de peinture, etc. et surtout ça fait beaucoup travailler parce que, quand un artiste travaille seul dans son atelier, il ne fait que ce qu’il aime. Tandis que, quand on fait de l’art à la demande, on est obligé de plaire au client. Ca, c’était quelque chose de très intéressant pour moi.

 

Sabine Géraudie dans son atelier.
photo : Chiara C.

CC : Où puisez-vous votre inspiration ?

SAB : Beaucoup, beaucoup, dans la nature. Et puis je puise mon inspiration dans la passion, dans le ressenti, dans la sensibilité, bref, dans la vie !

CC : Avez-vous eu une commande particulière?

SAB : Un jour, un client m’a fait une commande particulière : il m’a demandé d’illustrer le bonheur et la difficulté d’y accéder. Il voulait qu’il y ait une touche niçoise. Quand je suis allée chercher la chaise qui était en plexiglas à l’époque, on m’a demandé où je l’avais achetée. Et j’ai répondu : « bah je ne l’ai pas achetée, c’est moi qui l’ai faite ! ». On a voulu me l’acheter ! Alors, on a dû déposer le modèle.
Je me suis demandé pourquoi cet engouement pour ma chaise. Je me suis donné un an : j’ai cherché tout ce qui existait sur les chaises bleues et je me suis dit : « voilà, les chaises bleues on n’en parle plus assez, les niçois pourtant adorent leurs chaises, il y a peut être quelque chose à faire ». Alors, j’ai commencé à chercher tout ce qui existait. J’ai fait une exposition avec des petites chaises découpées en plexi, des aquarelles, des peintures à l’huile, des chaises en fer également et j’ai commencé comme ça, par une grande expo au château de Crémat. Au bout d’un moment, je me suis demandé : « mais, tiens, ce que je voudrais faire avec cette chaise, quel serait pour moi le point d’orgue ? ». Quand, un jour, j’ai vu le Love de Robert Indiana à New York : je voyais les gens qui, toute la journée, se photographiaient devant.

Love de Robert Indiana.
Photo : wikipédia.org

Je me suis dit : « wouah, ce serait vraiment génial qu’à Nice, on ait NOTRE chaise et que les gens se photographient devant ! ». Donc, je l’ai dessinée, je l’ai projetée sur un mur, j’ai essayé de voir quelle taille elle pourrait faire, j’ai fait un devis et j’ai proposé à la ville de Nice l’achat de cette oeuvre. C’est grâce à cette commande que l’histoire de la chaise a commencé, enfin… de MA chaise, mon oeuvre ! [rires]

Chaise de SAB exposée dans son atelier
photo : Chiara C.

CC : Comment vous êtes-vous approprié ce symbole niçois ?

SAB : Moi, je ne me suis rien approprié du tout parce que la chaise c’est un mobilier sur lequel les gens s’asseyaient. Je n’ai pas fait une chaise, j’ai fait une oeuvre, ça n’a rien à voir. Les gens veulent toujours me mettre dans cette confusion mais il n’y a aucune confusion. Quand j’ai travaillé sur la chaise on ne parlait plus du tout des chaises bleues, du mobilier alors que moi j’ai fait une oeuvre, une chaise sur laquelle on ne peut pas s’asseoir.

CC : Des collaborations ?

SAB : J’ai travaillé en collaboration avec la Mairie, pendant deux ans, ils m’ont commandé des pièces qu’ils offraient aux personnalités. Pascal Lac [NDLR : pâtissier-chocolatier] m’a proposé de créer la chaise bleue en chocolat. J’ai trouvé que c’était une excellente idée donc on a un partenariat depuis sept ans. Quant au bijou, bien avant que la chaise bleue soit sur la Promenade des Anglais, un ami de la bijouterie Ferret m’a dit que mon idée était super et qu’il allait en créer un bijou. Le bijou est donc né comme ça.

Déclinaisons miniatures de la chaise de Sab dans son atelier
photo : Chiara C. Patins à roulettes et chaussures de la chaise de Sab dans son atelier
photo : Chiara C. 

CC : Des œuvres qui vous rendent fière ?

SAB : Évidemment cette chaise, bien sûr, elle me rend fière parce que c’est une reconnaissance mais après, j’ai une grande passion pour la peinture à l’huile.

  Plan de travail de Sab dans son atelier
photo : Chiara C.

CC : Votre art, comment le qualifieriez-vous ?

SAB : Ce n’est pas moi qui le qualifie, c’est plutôt une dame qui est en train d’écrire pour mon livre qui sortira début juillet. Elle le définit comme « néo-réaliste ».

  Tableau de Sab exposé dans son atelier
photo : Chiara C.

CC : Des projets ?  

SAB : J’ai des projets, oui ! La chaise a dix ans cette année au mois d’octobre, je vais donc faire une exposition cette année, pour moitié sur la chaise de SAB et tout ce que je fais autour, pour moitié pour que les gens découvrent l’autre travail que je fais, à savoir la peinture. Je prépare aussi un livre dans lequel je raconterai l’histoire de mon œuvre devenue emblématique et je parlerai de mes peintures. Et puis, j’ai le projet de continuer cette vie d’artiste parce que c’est vrai que l’époque est assez difficile : quand il y a un gros malaise dans la société, la guerre pas loin de chez nous, la vie qui devient de plus en plus difficile pour tout le monde, le prix de la nourriture, du carburant, etc. l’art est la chose qui vient vraiment en dernier. Mon espoir c’est vraiment de pouvoir continuer à m’exprimer dans mon art et ne pas trop souffrir du contexte. Mais les artistes sot les premiers à être impactés.


                                                                                                                     Tableau de la chaise de Sab déformée dans son atelier
                                                                                                                                                   Photo : Chiara C.

CC : Un mot pour décrire votre métier ?

SAB  : C’est merveilleux, merveilleux ! Artiste, c’est le plus beau métier qui soit, un métier vraiment fabuleux !

Une interview détendue et agréable qui a permis de découvrir à la fois l’artiste – SAB – et la femme – Sabine Géraudie – et qui s’est achevée par une séance de photos de son atelier qui illustrent cet article. J’invite tous les lecteurs à aller (re)voir la célèbre « Chaise de SAB » exposée sur la Promenade des Anglais à Nice.
 

Chaise de SAB exposée à la Promenade des Anglais
photo : www.tripadvisor.fr  

Chiara