Synthèse : Faut-il avoir peur des virus congelés ?
Dans le sol gelé de la Sibérie, au nord-est de la Russie, des scientifiques recherchent des virus qui étaient actifs à la préhistoire. Mais ces virus millénaires, aujourd’hui endormis, piégés dans le sol, peuvent-ils refaire surface et représentent-ils un danger pour les humains ?
Le pergélisol, un congélateur à virus
Ce sol gelé s’appelle le « pergélisol », c’est-à-dire un sol dont la température est en-dessous de 0°C pendant au moins deux. De nombreux virus y sont endormis. Pour les chercheurs, des archéovirologues, il est intéressant de retrouver ces virus pour en apprendre plus sur nos ancêtres et leurs conditions de vie. Cette science s’appelle la « virologie environnementale », son objectif est de trouver dans l’environnement des virus qui ne concernent pas les hommes, étudier des virus anciens permet de mieux comprendre leur origine, leur évolution.
Le pergélisol est dur comme de la pierre, il n’est pas simple d’arriver à le percer pour en retirer des échantillons. Échantillons qui une fois prélevés seront examinés en laboratoire.
Ainsi, en 2014 et en 2015, deux virus ont été découverts, heureusement ces virus n’étaient pas dangereux du tout pour les hommes. Le Pithovirus sibericum découvert en 2014 a ainsi passé 30 000 ans dans la glace avant de pouvoir être étudié par les chercheurs !
Un risque potentiel avec le réchauffement climatique ?
Ces virus et microbes sont « dormants », mais, une fois décongelés, à la lumière, ils pourraient représenter un risque pour les être vivants qui croiseraient leur route. Cela a été le cas en 2016 : la Sibérie à été tout à coup frappée par une étrange épidémie, plusieurs milliers de rennes et un enfant sont morts de la « maladie du charbon ». Le virus responsable de cette maladie, présent sur des cadavres de rennes morts en 1920 a refait surface avec le réchauffement du climat, une fois réveillé il a ainsi infecté des rennes. Cette maladie est mortelle, mais se soigne par antibiotiques.
Avec le réchauffement climatique certains s’inquiètent de la possibilité de voir ressurgir à l’air libre des virus qui pourraient être dangereux pour les animaux ou les hommes, mais les risques sont a priori très faibles et c’est justement en les étudiant dans des conditions sécurisées comme le font ces archéovirologues, que nous pourrons le savoir et ainsi nous protéger.
Par Luna
Source : Science & vie Junior Hors-série n°146, mars 2021