SYNTHÈSE : LA RÉALITÉ CACHÉE DE NOS TÉLÉPHONES PORTABLES

Nous possédons tous à ce jour un smartphone et son arrivée sur le marché a transformé nos vies. Aujourd’hui, le téléphone portable est devenu indispensable nous simplifiant la communication, nous offrant l’accès à l’information mais aussi la possibilité de prendre des photos de grande qualité, de nous divertir et de nous connecter aux autres en temps réel grâce à des applications de plus en plus nombreuses et diversifiées. Mais si les bénéfices des téléphones portables sont indéniables, combien sommes-nous à connaître la réalité qui se cache derrière nos portables ? Comment sont-ils fabriqués et quels matériaux les composent ? Quel est le prix humain payé pour pouvoir les avoir dans nos vies ? Gros plan sur la réalité cachée des smartphones et de leur utilisation.

La réalité cachée de nos téléphones portables

Si les plastiques constituent plus de la moitié des matériaux utilisés à la fabrication de nos téléphones, des matériaux en plus faible quantité mais très toxiques et polluants sont également utilisés. Tous ces éléments rares mais indispensables constituent l’une des faces sombres de nos smartphones. En effet, en plus de contenir de l’or et de l’argent, nécessaires à la fabrication des composants micro-électroniques, les téléphones portables comportent des terres rares. Ces terres rares désignent 17 métaux (le scandium, l’yttrium, et les quinze lanthanides) aux propriétés exceptionnelles mais dont l’extraction et le traitement polluent et produisent des déchets toxiques. La Chine est le premier  fournisseur mondial, malgré la répartition mondiale presque homogène de ces métaux, parce que dans ce pays les normes environnementales et sociales sont très faibles. Les pays développés n’extraient pas ou très peu de terres rares car les dégâts environnementaux sont considérables et les conditions de travail très difficiles.

Parmi les métaux contenus dans les téléphones et dont l’exploitation minière génère déforestation, pollution de l’eau, déchets miniers, émissions de gaz à effet de serre, l’étain occupe une place importante. Ainsi, en Indonésie, au large des côtes de Sumatra, une ile appelée Bangka est ravagée par l’industrie minière de l’étain nécessaire à la fabrication de l’écran des téléphones portables. À force de puiser dans le sol, les réserves d’étain ont fini par s’épuiser, ce qui oblige l’industrie minière à exploiter les fonds marins. La mer, polluée par les bateaux en quête d’étain au fond de l’eau devient trouble, voire marron. Les conséquences écologiques sont désastreuses : les mines ont détruit l’écosystème et les 45000 pêchers de la région en sont les premières victimes devant se déplacer de plus en plus loin pour une meilleure pêche.

Les minerais de sang viennent compléter et assombrir la liste des éléments constituant les téléphones portables. Les minerais du sang ou autrement connus sous le nom minerais du conflit, sont extraits et importés principalement d’Afrique, et plus particulièrement de la République Démocratique du Congo et de la zone des Grands Lacs africains, ou encore de Birmanie et d’Amérique centrale. Dans ces régions, des groupes armés s’affrontent pour le contrôle des différentes mines réparties sur leurs territoires en vue de financer leurs guerres. En 2015, 27 conflits ont été recensés en Afrique comme étant liée aux ressources telles que les minerais du sang.

Un travail inhumain à la limite de l’esclavage accompagne l’extraction de ces métaux et ensuite la fabrication de nos portables. Afin d’obtenir du profit, les employés doivent avoir une productivité presque impossible à atteindre et travaillent dans des conditions épouvantables pour un salaire de misère. Parmi ces travailleurs, la moitié sont des enfants, ce qui constitue une main d’œuvre moins chère et plus facilement contrôlable. En Chine, même si le code du travail stipule que les enfants de moins de 16 ans ne doivent pas travailler, dans les usines Huawei et Wiko, plus de la moitié des employés sont des enfants de moins de 16 ans. Ces enfants travaillent plus de 13 heures par jour et même parfois la nuit pour un salaire d’environ 160 euros par mois. Au Congo, l’un des pays les plus pauvres du monde, les enfants, plus dociles, plus fins, sont employés pour descendre dans les mines chercher du tantale, l’un des matériaux présents dans les portables. On déplore chaque mois une dizaine d’enfants congolais enterrés vivants suite à effondrement de ces mines affaiblies au fond desquelles les enfants sans protection travaillent.

Comment devenir responsables tout en continuant de bénéficier des téléphones portables

Nous avons interrogé plusieurs élèves et professeurs de l’Institution Stanislas de Nice afin d’essayer de savoir si la face cachée des smartphones leur est connue et quel est le comportement adopté par chacune de ces personnes.

Selon notre sondage, plus de la moitié des collégiens interrogés connait la composition de leur téléphone contrairement à la plupart des adultes pour qui la composition reste un mystère. Cela nous amène à penser que les jeunes en savent plus à ce propos. Nous avons souhaité savoir quelle est l’attitude adoptée par chacun d’entre eux par rapport à leur portable et quelles mesures ils prennent afin de participer à la réduction de l’impact de l’utilisation des portables sur l’environnement. Leurs réponses nous a plutôt rassuré. Seulement 20% des adultes et 10 % des élèves changent de téléphone une fois par an alors que le même pourcentage se dit prêt à faire réparer leur smartphone au lieu de le remplacer par un nouveau. Plus de 70 % des personnes interviewées ont déclaré qu’elles prennent soin de leur téléphone, en utilisant des coques assez solides.

Que faut-il faire donc pour devenir responsable? Jeter nos smartphones? Ne plus en acheter? Non, certainement pas. D’autres solutions existent et nous pouvons les adopter au plus vite. Pour l’environnement et les conditions de vie de beaucoup de personnes, nous devons agir !

A ce jour en France, seulement 16% des téléphones sont recyclés. Les autres sont sûrement en train d’attendre dans un tiroir, soit sont mal triés. Recycler son vieux téléphone est très important pour l’environnement et la biodiversité. Nous pouvons choisir une solution équitable, en achetant des téléphones fabriqués dans le respect de l’environnement mais aussi de l’être humain comme ceux proposés par des entreprises qui exploitent au minimum les minerais de sang et qui améliorent les conditions de travail dans les chaines d’assemblage. En prenant soin de nos téléphones, en les protégeant, nous pouvons prolonger leur vie et donc participer à la réduction de la pollution et de l’exploitation des travailleurs. Nous pouvons aussi s’engager activement, faire partie des associations qui luttent contre l’exploitation des mines de l’Afrique et des travailleurs ou tout simplement sensibiliser les gens autour de nous sur les matériaux utilisés et leur danger pour l’environnement ainsi que sur les conditions de travail des enfants. Soyons la voix de ces enfants et arrêtons de construire notre bienêtre sur leur malheur.

 

 

Afin d’en savoir plus à ce sujet, nous vous conseillons de lire un magnifique roman d’Elizabeth Stewart, intitulé Blue Gold, parlant du quotidien de trois filles complétement différentes, venant de trois pays éloignés et dont le destin va être bouleversé par le téléphone.

Première de couverture du roman « Blue Gold » Lire le résumé ici : https://0061461f.esidoc.fr/document/id_0061461f_33852.html

 

C.D, E.T, Clarence L.  4ème

Sources : https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20200320-indon%C3%A9sie-avec-les-for%C3%A7ats-de-l-%C3%A9tain

https://www.geo.fr/environnement/definition-terres-rares-scandium-yttrium-et-lanthanides-124433

https://www.amnesty.fr/responsabilite-des-entreprises/actualites/minerais-du-sang-une-lueur-despoir

Des «minerais de sang» dans vos smartphones