Interview : Regard d’enfant sur la guerre en Ukraine
Les conflits actuels entre l’Ukraine et la Russie nous ont amenés à nous interroger sur l’opinion des adolescents de l’Europe à ce sujet : des jeunes de plusieurs nationalités ont accepté de répondre à nos questions par téléphone.
Les enfants que l’on a interrogés sont :
⁃ Pour la Roumanie : Mihnea, 13 ans, Bucarest
⁃ Pour le Portugal : Charlotte, 12 ans, Lisbonne
⁃ Pour la Suisse : Juliette, 14 ans, Zurich
⁃ Pour la Russie : Romain, 13 ans, Moscou
⁃ Pour la Pologne : Alice, 13 ans, Varsovie
⁃ Pour l’Italie : Gaïa, 13 ans, Turin
Pour différencier leurs réponses, nous mettrons leurs initiales en fin de paragraphe.
I. Quelle est l’opinion générale sur la guerre en Ukraine dans ton pays ?
⁃ C : La majorité du Portugal est du côté de l’Ukraine, donc contre la guerre. Le ministère de l’intérieur dit que c’est une bonne chose de faire partie des nations occidentales qui envoient des ressources aux pays de l’Est sous attaque russe.
⁃ M : En Roumanie, tout le monde condamne l’attaque de la Russie en Ukraine.
⁃ J : La Suisse est complètement solidaire avec l’Ukraine.
⁃ R : Ce n’est pas totalement de la faute des russes, il y a eu des conflits; quelque chose s’est passé avant.
⁃ A : La situation est stressante, oppressante, certaines personnes se préparent pour partir au cas où la guerre s’étendrait jusqu’en Pologne.
⁃ G :L’opinion générale est similaire à celle en France, notamment par le fait qu’il va y avoir des répercussions sur l’économie et sur les relations entre différents pays.
II. Des mesures ont-elles été prises dans ton pays depuis l’invasion?
⁃ Ch : Oui, le Portugal a envoyé des ressources militaires à l’Ukraine.
⁃ M : Mes grands-parents habitent près de la frontière ukrainienne, dans le nord de la Roumanie. Ils m’ont dit que la mairie de leur ville a organisé le transport en bus des réfugiés vers les aéroports des grandes villes de Roumanie. Aussi, de nombreux habitants ont accueilli des familles immigrantes.
⁃ J : Des sanctions ont été prises contre la Russie par rapport au marché du travail, des commandes de matériaux, et surtout les transactions financières bloquées.
⁃ R : Il y a des russes qui sont partis de Russie et les prix ont augmenté sur tous les produits.
⁃ A : Pour l’instant, il y a des mesures d’accueil pour les ukrainiens mais pas de mesures de sécurité.
⁃ G : Il y a eu de nombreux rassemblements, notamment à Turin, pour soutenir les gens en Ukraine, et des récoltes ont été faites.
III. Des enfants de réfugiés ukrainiens sont-ils arrivés dans ton école ?
⁃ Ch : Oui, il y a plusieurs ukrainiens qui sont arrivés dans mon école, j’espère sincèrement que tout le monde va les accueillir du mieux qu’ils peuvent.
⁃ M : Oui, trois élèves sont arrivés dans mon école : en 4e et en 1ère.
⁃ J : Oui, tous les enfants arrivés sont déjà scolarisés et sont bien intégrés (clubs sportifs..).
⁃ R : Beaucoup de familles ukrainiennes russophones sont allées se réfugier en Russie.
⁃ A : Oui, et j’espère qu’ils seront bien accueillis.
⁃ G : Aucun enfant n’est venu dans mon école pour l’instant.
IV. Que ressens-tu lorsque tu vois les nouvelles sur l’Ukraine à la télé ?
⁃ Ch : Je me sens dévastée, mais je me dis qu’il y a forcément quelque chose de plus à l’histoire… pourquoi Vladimir Poutine commencerait-il une guerre civile pour rien ? J’aimerais beaucoup en apprendre plus sur l’histoire entre la Russie et l’Ukraine.
⁃ M : Je ressens une grande tristesse, et quand je vois les images de la guerre, je me rends compte à quel point ce conflit est horrible.
⁃ J : Totalement abasourdie et terriblement triste pour ce peuple ukrainien qui souffre tout près de nous.
⁃ R : Je suis attristé de voir ce qui se passe en Ukraine et la misère là-bas, et même si ce n’est pas totalement de la faute des russes, c’est horrible.
⁃ A : Ça fait peur car on sait qu’on est près.
⁃ G : Ça fait peur, je suis dans l’incompréhension, dans le questionnement, et ça me fait de la peine.
V. Penses-tu que la Russie pourrait envahir ton pays ?
⁃ Ch : Je ne pense pas que la même chose va se produire au Portugal, mais si plusieurs pays se mêlent à la guerre, je pense qu’il y a 50% de chance que quelque chose va arriver à mon pays.
⁃ M : J’espère qu’on n’en arrivera pas là, mais tout le monde a peur que la Moldavie soit attaquée aussi et comme c’est un pays très lié à la Roumanie, qui parle la même langue que nous, on a peur d’entrer en guerre.
⁃ J : Non je pense que l’Europe va trouver une solution pour nous sortir de ce conflit… enfin nous espérons.
⁃ A : Non car la Pologne est sous la protection de l’Europe et de l’OTAN.
⁃ G : Non parce que l’Italie est sous la protection de l’OTAN, faisant partie des membres fondateurs.
VI. Qu’est-ce qui a changé dans ton quotidien ou celui de ta famille ?
⁃ M : J’ai vu mes parents et mes grands-parents très inquiets. Ici tout le monde est allé retirer de l’argent aux distributeurs, au point qu’il n’y en avait plus. Mon grand-père, qui habite près de la frontière ukrainienne, a même préparé une valise pour partir en cas de besoin. Certaines pénuries ont déjà ont déjà commencé et mon grand-père a fait plusieurs heures de queue pour mettre de l’essence. Nous avons tous acheté des comprimés d’iode. Ils m’ont expliqué qu’ils avaient déjà pris cela lors de l’accident nucléaire de Tchernobyl. Aussi, mon grand-père, à la demande de la mairie de sa ville a vidé sa cave pour pouvoir s’abriter en cas de besoin.
⁃ A : Je suis triste, je n’ose plus sortir de chez moi. J’ai accueilli des ukrainiens venant de Kiev, donc je les aide en faisant les courses pour eux.

On constate que les enfants qui habitent à proximité de la zone de conflit sont plus inquiets car très concernés. Les enfants concernés habitant Nice se préoccupent beaucoup de la sécurité de leur famille ou de leurs proches restés dans leur pays d’origine.

Points rouges : ville d’origine des enfants interviewés
Adrian, Faustine, Giuseppe, Louise 4°D